Alimentation
Intolérance: un phénomène normal et particulier à la fois
Archive · 12 mars 2019


Lionel Cretegny
Responsable Tests comparatifs
La Suisse est un pays idéal pour la production laitière grâce au climat favorable à la production d’herbe et au savoir-faire traditionnel. Contrairement à deux tiers de l’humanité, 80% de la population suisse a la particularité de digérer le lactose et donc de pouvoir boire du lait en plus ou moins grande quantité à l’âge adulte.
Le lactose, le sucre qui se trouve naturellement dans le lait des mammifères, est composé de deux molécules: glucose et galactose. Lors de la digestion, une enzyme, la lactase, les sépare afin de permettre leur absorption dans le sang à travers la barrière intestinale. Si cette enzyme n’est pas produite en quantité suffisante, le lactose fermente dans le gros intestin, y causant ballonnements, douleurs, diarrhée, constipation, nausées... De quoi faire souffrir et rendre la vie compliquée. Un questionnaire détaillé complété par des analyses médicales permet de déterminer la cause des symptômes. Des chercheurs suisses viennent de trouver une méthode plus pratique: des biomarqueurs sanguins issus du lactose digéré.
Une fois le diagnostic établi, la personne va renoncer à consommer du lait, selon sa capacité enzymatique. Elle pourra toujours manger du fromage affiné dont le lactose disparaît en grande partie durant le processus de fabrication. Le lait délactosé est une autre option. Son lactose est déjà scindé en deux, d’où sa saveur plus sucrée que le lait non transformé. Parmi les boissons végétales, celles au soja enrichies en calcium et en vitamine D sont un choix intéressant. L’apport en calcium peut être complété par du brocoli ou du chou frisé et par de l’eau minérale riche en calcium (plus de 300 mg de calcium par litre).
Calcium et vitamines avant tout
Pour un tout-petit, le lait maternel est idéal. Si nécessaire, il peut être remplacé par une préparation pour nourrisson, en accord avec le pédiatre. A partir d’un an, cette boisson peut être remplacée par du lait de vache entier, intégré dans une alimentation variée. Un lait junior spécial du commerce n’aurait pas d’effet bénéfique d’après les spécialistes. Fromages et yogourts permettent à un enfant plus grand qui n’apprécierait pas le lait de consommer les trois ou quatre laitages que recommande la Société suisse de nutrition. Son corps y trouve le calcium et les vitamines nécessaires. Une portion d’enfant correspond à environ 1 dl de lait, 100 g de yogourt, 15 g de fromage à pâte dure ou 30 g de fromage à pâte molle. Et une boisson à base d’amande? Pourquoi pas, mais occasionnellement et juste pour sa saveur.
Moins d’appétit mais des apports enrichis
Avec l’âge, l’appétit diminue mais pas les besoins du corps. D’après la Commission fédérale de la nutrition, les besoins en protéines des personnes vulnérables et dépendantes sont même plus élevés. Les apports doivent donc être faciles à consommer et répartis tout au long de la journée, entre autres sous forme de produits laitiers. B uts: maintien de la masse musculaire et régénération après une éventuelle maladie. Les personnes qui voudraient remplacer le lait de vache par un drink végétal devraient donc préférer la version au soja , riche en protéines. Par ailleurs, si le corps fabrique de la vitamine D grâce au soleil, les seniors suisses en manquent globalement. Il leur est donc conseillé une supplémentation en vitamine D pour réduire le risque de chutes et de fractures. Un apport combiné avec du calcium améliore la force musculaire.
Ne pas oublier la vitamine B12
Les données suisses montrent qu’il y a de nombreuses manières de suivre un régime végétalien. Un adulte qui renonce à toute denrée d’origine animale peut très bien absorber tous les nutriments nécessaires s’il équilibre son alimentation de manière consciente et la complète par une supplémentation en vitamine B12. D’autres études ont montré qu’il faut être vigilant aux carences en iode, calcium et potentiellement en sélénium. Avec les alternatives végétales au lait, il est donc intéressant de choisir des variantes enrichies en vitamines et minéraux. Pour un enfant, mieux vaut demander conseil à un diététicien diplômé pour être sûr de lui fournir les protéines, les acides gras à longues chaînes, le fer, le zinc , le calcium, l’iode et la vitamine B12 nécessaires à la croissance du corps et au bon développement du cerveau.
3 questions à...
Laurence Margot
Diététicienne Fourchette verte Suisse
Qu’y a-t-il à savoir sur ces boissons végétales?
Elles se divisent en deux groupes: le premier concerne toutes les boissons au soja. Le second – où l’on retrouve le riz et l’amande – est essentiellement composé de sucre, qu’il soit naturel ou ajouté. Comme vous avez pu le remarquer, les caractéristiques du lait de vache ne se retrouvent pas dans ce deuxième groupe. Normalement, dans le premier non plus, si ce n’est son apport en protéines.
Donc autant se tourner vers le soja?
Oui, bien que cette légumineuse soit un moindre mal. Car on fait face à de nombreuses carences. De plus, le soja contient des flavonoïdes qui influent sur l’organisme et peuvent être potentiellement dangereux chez le nourrisson et la femme enceinte.
Faudrait-il tout simplement éviter ces boissons?
L’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) les déconseille aux nourrissons. Les personnes très âgées déjà dénutries devraient leur préférer le lait. Pour les autres, en tant qu’alternative gustative et rafraîchissante, pourquoi pas! Mais en aucun cas en remplacement du lait.
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