25.5.2023, Rebecca Eggenberger / Photo: LJ
Utiliser une gourde est devenu un phénomène répandu. Les fabricants l’ont compris et de nouvelles options sont apparues sur le marché: les gourdes rétro-olfactives et les dosettes effervescentes. Les objectifs affichés: diminuer la consommation de sucre et encourager celle d’eau du robinet plutôt qu’en bouteille. À la FRC, on a voulu en savoir plus sur le phénomène.
La gourde rétro-olfactive ou comment tromper son cerveau
La gourde est équipée d’une paille. L’utilisateur y insère une pastille. Celle-ci va parfumer l’eau sans ajout d’ingrédient grâce au phénomène de rétro-olfaction, connu des amateurs de vin. La connexion physiologique entre le nez, la bouche et le cerveau est la clé: lorsque l’eau est aspirée par la paille, les bulles d’air se parfument et cet air aromatisé est perçu comme un goût par le centre olfactif. En résumé, on dupe le cerveau. Ces gourdes sont promues à grand renfort de marketing, notamment sur les réseaux sociaux et via des influenceurs.
La gourde basique en acier inoxydable coute 34fr.95 chez un leader du marché. Le prix pour trois pastilles (appelées pods) va de 4fr.95 à 9fr.95 en fonction de la saveur. Le pod fonctionne pour 5 litres d’eau au maximum. En consommant entre 1,5 et 2 litres par jour, il faut compter au minimum 10 fr. par semaine en utilisant ce système. Ça donne à réfléchir!
Et les dosettes effervescentes?
Autre solution pour aromatiser son eau: l’ajout d’une dosette. De nombreuses saveurs sont proposées. Même avec des ajouts de vitamines. Côté composition on est sur de l’ultratransformé. Additifs en nombre et édulcorants. Pour ce qui est du prix, cela revient un peu plus cher encore que pour la gourde rétro-olfactive.
Bref, c’est pas très utile, mais pourquoi?
Boire suffisamment d’eau et diminuer sa consommation de boissons sucrées sont essentiels. Mais se déshabituer du sucre n’est pas une mince affaire; la science a prouvé le fort pouvoir addictif de cet ingrédient. L’utilisation des pods ne semble pas de nature à entretenir la dépendance aux sucres, estime Bettina Wölnerhanssen, médecin co-cheffe de la recherche métabolique de St. Clara Research Ltd, au St. Claraspital à Bâle. Toutefois, on ne dispose pas encore d’études scientifiques permettant de l’affirmer. La plasticité et la capacité d’adaptation du cerveau sont des sujets complexes. «Le risque est de s’habituer à ce système et de trouver l’eau pure ennuyeuse.» Alors que c’est sous cette forme que sa consommation doit être privilégiée.
Quant aux dosettes effervescentes, elles n’ont aucun avantage. Les édulcorants qu’elles contiennent entretiennent la dépendance aux sucres et leur composition n’est pas intéressante d’un point de vue nutritionnel. Enfin, au vu du prix, ces nouveaux systèmes tiennent plus d’une tendance marketing que d’un véritable investissement santé. En conclusion, une gourde classique remplie d’eau du robinet, avec un peu de menthe fraîche, une rondelle d’orange ou de citron et, à l’approche de l’été, quelques fruits rouges, reste le meilleur choix pour sa santé et pour son portemonnaie!