Gare à la surmédicalisation !

En matière de virologie informatique, l’automédication est la norme. Mais le consommateur est parfois dépassé face à la montagne de solutions sur le marché, gratuites ou payantes. Quelques conseils pour ne pas finir en docteur Knock 2.0.

Avoir un antivirus gratuit ou payant, est-ce équivalent ?

C’est la question à 60 francs, à savoir le prix moyen annuel des «suites internet» commercialisées par Norton, Kapersky, Eset, Avira ou Avast, et comprenant un antivirus, mais aussi un firewall, un anti-spam, un anti-phishing, voire un gestionnaire de mots de passe ou du contrôle parental. Par comparaison, les versions gratuites possèdent bien moins de fonctionnalités.

«Mais a-t-on vraiment besoin de tout cela?» se demande Philippe Oechslin, chargé de cours à l’EPFL et patron de la société Objectif Sécurité. Il relève que la plupart des tests comparatifs – notamment ceux de Virus Bulletin – montrent des résultats très similaires en ce qui concerne la reconnaissance pure de virus. «A ce jeu-là, n’importe quel antivirus connu, gratuit ou pas, fera l’affaire. Il est tout aussi important, même plus, d’avoir ses logiciels à jour, notamment Adobe, Flash ou Java.» Petite nuisance, les programmes gratuits se rappellent régulièrement au bon souvenir de leurs utilisateurs par des fenêtres pop-ups publicitaires.

Peut-on avoir plusieurs antivirus sur sa machine ?

Il peut arriver qu’un utilisateur ait plusieurs logiciels antivirus sur son ordinateur. Soit qu’il ait délibérément voulu blinder sa machine, soit qu’un programme ait été installé en douce par un autre logiciel – Adobe Flash Player installe ainsi en catimini une version light de McAfee. Mais avoir deux antivirus est déconseillé. «Tout d’abord, cela risque de ralentir un ordinateur: de manière générale, ce sont des programmes très lourds, mieux vaut ne pas les multiplier», explique Tristan Leiter, de la société de sécurité Navixia. Ensuite, il y a risque de conflit: «Deux antivirus peuvent se percevoir mutuellement comme des programmes malveillants.»

Peut-on changer d’antivirus ?

Cela n’est pas interdit, mais autant rester fidèle au même logiciel: les antivirus, qui plantent leurs racines très en profondeur dans un système, sont en effet compliqués à désinstaller, selon Philippe Oechslin. On ne peut exclure que quelques radicelles demeurent.

Faut-il installer un antivirus sur son smartphone ?

Les logiciels antivirus sont des programmes très gourmands: installés sur un smartphone, ils risquent non seulement de ralentir le système, mais en plus de vampiriser la batterie. Mieux vaut les éviter. «Le risque d’infection provient surtout des applications, note Tristan Leiter. On évite la plupart des risques en n’installant pas n’importe quoi.» Autrement dit, avoir un comportement adéquat est le plus important.