12.3.2019, Laurianne Altwegg / Une balade aux Tourbières des Ponts-de Martel ? Ludique et didactique. Photo. Vincent Bourrut
Mise à jour le 07.08.2019
Le jardinier amateur ressort sa binette, mais il doit absolument renoncer à cette ressource naturelle. Explications.
En Suisse, il est interdit d’exploiter la tourbe depuis 1987, année où le peuple a accepté de mettre sous protection tous les marais d’importance nationale d’où provient cette ressource. Ces zones humides sont des écosystèmes fragiles et riches en biodiversité. Ils stockent aussi de grandes quantités de carbone – deux fois plus que l’ensemble des forêts – jouant ainsi un rôle important dans l’équilibre climatique global. Assécher les marais pour en extraire la tourbe libérant de grandes quantités de protoxyde d’azote et de CO2, on comprend l’importance d’y renoncer.
Préserver cette ressource est aussi nécessaire du fait des siècles, voire des millénaires nécessaires à sa formation. Lorsque le consommateur trouve en rayon un produit fait de tourbe blonde ou brune, il achète en fait un matériau vieux de 3000 à 5000 ans. S’il contient de la tourbe noire, elle peut avoir jusqu’à 12 000 ans. Des âges vénérables qui justifient de laisser ces vieilles dames dans leurs marais.
Dès lors que penser des produits qui seraient issus de «terres agricoles dégénérées» et non de marais intacts? Est-ce que le fait d’extraire la tourbe de marais drainés depuis longtemps la rend plus fréquentable, comme semble le penser Hornbach? A cette question, l’OFEV répond que «les objectifs de réduction et d’abandon de la tourbe sont indépendants de son lieu d’extraction». En clair, exploiter la tourbe n’est jamais respectueux de l’environnement ou durable.
Que fait la Confédération?
Quelle que soit l’origine de la matière, interdire son extraction chez soi et continuer à en importer est une contradiction totale. Au niveau de la Confédération, un «Plan d’abandon de la tourbe» a d’ailleurs été publié en 2012. Il préconise toutefois la mise en oeuvre de mesures volontaires en premier lieu et se laisse un délai de vingt ans pour interdire les importations si cette première phase n’est pas suivie d’effets.
Seul résultat concret jusqu’ici: les représentants de la branche ont signé en 2017 une déclaration d’intention avec la Confédération par laquelle ils se sont engagés à réduire à 5% d’ici à 2020 la proportion de tourbe dans les terreaux en sacs. A l’été 2019, celle-ci a été complétée par une seconde déclaration d’intention les engageant à réduire à 50% au maximum d’ici à 2025 et à 5% au maximum d’ici à 2030, la part de tourbe dans la production et l’offre de plantes. Toutefois, rien n’est fait pour rendre sa présence plus transparente pour le client: la FRC estime ainsi que des mesures devraient être prises pour rendre la déclaration de la tourbe obligatoire sur les étiquettes de tous les produits. Surtout, attendre 2030 pour s’attaquer aux importations est irresponsable, sachant que 524 000 m3 de tourbe continuent de passer la frontière chaque année.