Textiles
Encore trop de substances dangereuses dans nos habits
Greenpeace dénonce l’utilisation de produits chimiques dangereux dans les vêtements. Coop réagit rapidement, Migros se braque. Mais l’étiquetage reste hélas trop opaque.
Archive · 19 février 2013

Phtalates, polyfluorocarbures, nonylphenol etholxylate… autant de molécules aux noms barbares que Greenpeace a détecté dans des vêtements de marques Migros et Coop. T-shirts, pantalons, blouses et vestes de pluie pour enfants ont en effet fait l’objet d’analyses en laboratoire dans le cadre de la campagne internationale Detox, aux résultats préoccupants.
C’est dans la veste de pluie pour enfants de marque Trevolution de Migros que Greenpeace a trouvé la plus haute concentration de toxiques: des phtalates pour assouplir le plastique ainsi que des FTOH , composés perfluorés qui confèrent aux vestes de propriétés antiadhésives et hydrophobes. On connait depuis longtemps les effets endocriniens de ces molécules – les phtalates sont d’ailleurs interdits dans les jouets destinés aux enfants de moins de 3 ans en Suisse et en Europe ! – et la FRC avait déjà dénoncé la présence de composés perfluorés dans les vestes de randonnée en juin 2009. Six des sept articles testés par Greenpeace contiennent en outre des nonylphenols, un polluant synthétique, toxique pour l’homme et l’environnement.
Suite à cette étude, Coop s’est engagée à bannir prochainement les produits chimiques dangereux. Greenpeace demande également à Migros, ainsi qu’à d’autres entreprises telles que Charles Vögele, Mammut ou Transa de prendre des mesures similaires. Certes, le géant orange a retiré la veste incriminée de son assortiment. Mais Greenpeance estime cette décision insuffisante, car elle ne présage en rien que Migros va réellement bannir dans un avenir proche les substances chimiques dangereuses de sa chaine de production.
L'organisation écologique indique que cette remarque lui vaut une lettre du service juridique de Migros annonçant que le distributeur suisse se réserve le droit de lancer des poursuites civiles et pénales, pour violation de marque et atteinte au droit de la personnalité pour cause de concurrence déloyale et de diffamation…
Etiquetage opaque
Si l’on ne connait pas encore l’issue de cette querelle entre le géant vert et le géant orange, ces évènements mettent en lumière un phénomène beaucoup plus inquiétant: l’opacité de l’étiquetage des textiles. A l’heure actuelle, en effet, le consommateur n’a aucun moyen de savoir si les fibres des tissus ont été traitées ou non et si elles peuvent, le cas échéant, contenir des substances polluantes ou dangereuses pour la santé. Et les perturbateurs endocriniens ne sont pas les seuls incriminés : de plus en plus de textiles sont traités avec des nanoparticules dont on ne connait pas encore les conséquences. Sans compter l’utilisation de coton transgénique, dont les effets environnementaux inquiètent.
Ce d’autant plus que les tests techniques effectués régulièrement par les associations de consommateurs démontrent que la présence de certaine de ces substances indésirables n’améliore en rien les qualités intrinsèques, notamment des habits de sport: en août 2012, un test de nos confrères du Conseil des consommateurs danois sur 13 vestes de pluie destinés aux enfants démontrait aussi qu'il est possible de se passer de toutes ces substances douteuses. Des faibles quantités de phtalates avaient été détectés dans un seul échantillon. La marque responsable, Color kids, avait alors décidé d'éviter l'utilisation de PVC pour ce type de vêtements...
Comment justifier dès lors que, tandis que les cosmétiques et l’alimentation sont soumis à un étiquetage détaillé muni d’une liste d’ingrédients, les textiles, pourtant dans la majorité des cas en contact direct avec la peau, ne se plient aux mêmes règles? Certes, les étiquettes de vêtement doivent dans tous les cas afficher les teneurs en fibres et leur proportion, mais lorsqu’il s’agit de détailler leur composition chimique, un voile pudique se lève…
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