31.3.2022, Laurianne Altwegg
L’omniprésence du plastique vous agace? C’est le cas de nombreux consommateurs. Dans ce contexte, que penser de la récente initiative de Migros de vendre des sacs permettant sa collecte?
Une démarche qui interpelle
Alors que les murs de tri permettent de rendre gratuitement bouteilles en PET et flaconnages en plastique de tout type dans ses succursales, le géant orange ne serait-il pas très opportunément en train de rendre payant un service jusqu’ici gratuit? Tristan Cerf, porte-parole de Migros, se veut rassurant: «Les murs de collecte sont universels et ne vont pas disparaître. D’autant que ce projet pilote doit faire son chemin et n’est pour l’instant en place que dans un petit nombre de filiales.» Le distributeur promet donc de continuer à reprendre les flaconnages gratuitement. Reste qu’il espère à demi-mot que sa clientèle mettra tous ses plastiques dans le sac payant pour soutenir le projet.
Combien ça coûte?
A 90 ct. le sac de 17 litres, 1 fr.70 celui de 35 litres et 2 fr. 50 celui de 60 litres, le prix est proche de celui des sacs taxés dans bon nombre de cantons. L’incitation à trier sera ainsi plus forte là où ces derniers sont vendus à un prix supérieur, comme à Lucerne par exemple.
L’offre ne se limite pas à Migros
Le distributeur n’est pas seul à proposer la collecte des plastiques: des projets similaires sont en cours ailleurs en Suisse. Complétant ces initiatives locales, une motion demandant la mise en place des mesures nécessaires au recyclage des plastiques au niveau national a été adoptée par les Chambres fédérales en 2021.
Celle-ci a immédiatement trouvé écho auprès des acteurs du marché concernés: 50 organisations – parmi lesquelles figurent des fabricants d’emballages, détaillants ou recycleurs – ont ainsi signé un pacte le 9 mars dernier visant à «fermer les circuits des emballages plastiques et des briques à boissons». L’intérêt économique ne fait pas de doute.
Que vaut la démarche écologiquement?
Il n’y a pas de réponse toute faite à cette question. D’abord, parce que les sortes et qualités des matières plastiques sont variables: toutes ne peuvent donc pas ou pas encore être valorisées. Les études réalisées jusqu’ici démontrent également que le bilan environnemental de leur recyclage est faible. Élément qui incite Greenpeace à qualifier cette voie d’impasse. Se basant sur l’étude de 2017, l’organisation environnementale indique que «si une personne en Suisse dépose 70% de ses déchets plastiques aux points de collecte pendant un an, le bénéfice écologique équivaut seulement à se passer d’une entrecôte de bœuf».
Si la question divise, il est en revanche clair que même faible, le gain environnemental existe. De plus, sans filière de recyclage et sans masse critique, impossible de développer ou d’améliorer les procédés de traitement. Seul l’avenir dira donc si recycler s’avère intéressant du point de vue de l’environnement.
Autre certitude, le recyclage doit aller de pair avec une profonde réflexion sur la nécessité des emballages. Le remplacement pur et simple par du plastique recyclé – voire son remplacement par d’autres matières plus populaires auprès de la clientèle mais pas plus écologiques – ne règle pas le problème. Trié ou pas, le meilleur déchet reste celui qu’on ne produit pas.