28.9.2023, Rebecca Eggenberger
Informations nombreuses, parfois même contradictoires ou peu compréhensibles… Difficile de se faire une idée sur les éventuels dangers liés à la consommation d’édulcorants. On fait le point.
De quoi parle-t-on?
Les édulcorants sont des substances chimiques qui donnent un goût sucré aux aliments et aux boissons et ne contiennent que peu, voire pas de calories.
Les principaux édulcorants utilisés sont les suivants:
Edulcorants de masse ou polyols | Edulcorants intenses |
Sorbitol (E420) | Acésulfame K (E950) |
Mannitol (E421) | Aspartame (E951) |
Isomalt (E953) | Cyclamate (E952) |
Maltitol (E965) | Saccharine (E954) |
Lactitol (E966) | Sucralose (E955) |
Xylitol (E967) | Thaumatine (E957) |
Érythritol (E968) | Néohespéridine DC (E959) & Glycosides de stéviol (E960) |
Quel est leur point fort?
Réduire sa consommation de sucres est essentiel. En effet, il est largement prouvé qu’en consommer en excès joue un rôle dans le développement de maladies non transmissibles telles que l’obésité et le diabète. Pour suivre cette recommandation et remplacer les sucres naturels, certains se tournent alors vers les édulcorants, qui affichent un fort pouvoir sucrant pour très peu ou pas de calories. Ils sont parfois critiqués, accusés d’entretenir une dépendance au sucre, présentés comme inutiles pour perdre du poids, causant des effets secondaires négatifs sur la santé tels qu’un impact délétère sur la flore intestinale. Ils sont également mis en cause dans le développement de cancers et d’autres maladies.
Qu’en pensent vraiment les scientifiques?
Les études scientifiques concernant ces effets néfastes ne sont pas unanimes et/ou pas toujours exploitables, et ce pour différentes raisons. L’une d’entre elles réside dans le fait que plusieurs de ces études sont menées de façon observationnelle, c’est-à-dire que les personnes sont interrogées sur leurs habitudes en lien avec leur maladie, donc forcément un lien entre la consommation d’édulcorants et le diabète ou l’obésité. Et quand on souffre d’une telle maladie, on consomme généralement des édulcorants.
Autre raison: les édulcorants contiennent de nombreux composés qui diffèrent passablement les uns des autres. On ne peut donc les considérer comme un groupe à part entière qui pourrait être comparé aux sucres naturels de manière absolue. Il faut non seulement prendre en compte le type d’édulcorant consommé mais aussi les conditions métaboliques des individus qui le consomment, ainsi que le type de produit dans lequel il est utilisé (solide ou liquide).
La communauté scientifique reconnaît toutefois les effets secondaires néfastes de certains édulcorants. L’on peut citer la récente publication de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le caractère potentiellement cancérogène de l’aspartame, par exemple. Certains spécialistes s’étonnent toutefois de l’absence de changement suite à cette parution. «À ce jour, seul l’aspartame a reçu ce statut de potentiellement cancérogène, explique Bettina Wölnerhanssen, médecin co-cheffe de la recherche métabolique de St. Clara Research Ltd, au St. Claraspital à Bâle. Les données pour cette évaluation sont très minces, voire insuffisantes, et les preuves quant aux effets néfastes du sucre ordinaire sont tout aussi élevées! Je m’étonne également que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et l’OMS et le Centre international de recherche sur le cancer, qui administrent conjointement le comité international d’experts scientifiques sur les additifs, ne soient pas d’accord entre eux et que dès lors, les quantités maximales recommandées ne soient pas adaptées. Cela souligne le fait que les preuves ne sont justement pas 100% claires.»
Alors, on fait quoi?
Préserver sa santé passe par une réduction de sa consommation de sucres. Les remplacer par des édulcorants peut être une solution, mais seulement en quantité très modérée. «Aucune de ces substances chimiques n’est totalement sans effet sur le corps», affirme Bettina Wölnerhanssen.
Face aux incertitudes scientifiques qui demeurent, certains préfèrent l’approche prudente, à savoir éviter au maximum les édulcorants.
Une chose est sûre: consommer des produits bruts, locaux et de saison, limiter au maximum les produits ultratransformés et cuisiner soi-même autant que possible reste la meilleure approche du point de vue de la santé.
Comment savoir si un produit contient des édulcorants?
Le droit oblige les fabricants à indiquer la présence d’édulcorants dans la liste des ingrédients, parfois avec la mention «E». Par ailleurs, la mention «avec édulcorant(s)» doit figurer dans la dénomination spécifique du produit. Aucune disposition légale ne mentionne toutefois le fait qu’elle devrait apparaître sur le devant de l’emballage. Attention lorsque des aliments et boissons se vantent d’être «sans sucres ajoutés», cela n’exclut pas la présence d’édulcorants dans la recette. Une pratique dans la zone grise dont la légalité se juge au cas par cas et qui a de quoi dérouter les consommateurs et agacer la FRC.