3.2.2021, Laurence Julliard
Une cabine de soin sur roues, c’est le concept de proximité d’une Fribourgeoise. Le client y gagne en confort et en temps. Rencontre.
La salle d’attente est un parking ou son propre véhicule, selon l’emplacement qui a été fixé pour le rendez-vous. Nathanaëlle Savoy reçoit dans un utilitaire long de 7 mètres, il lui faut donc de la place pour se garer. Parfois sur l’aire de stationnement d’un restaurant ou d’un camping avec lesquels elle collabore – «ça, c’était avant que tout ne ferme» –, devant la porte d’une entreprise ou d’un particulier qui ont coché la case soin à domicile, voire devant celle de la masseuse pour qui vit près de Treyvaux (FR).
Le concept détonne dans l’offre classique des massages de bien-être. Mais une fois à l’intérieur de la cabine de soin, on oublie totalement que l’on est dans un fourgon. Ambiance cocooning, toute de blanc et de vert, épurée et à la température agréable, pour laisser le calme s’installer. Ce qui se passe dans la demi-heure ou l’heure qui suit est doux comme la sonorité du nom de baptême de
l’entreprise, Namali
(«les deux premières lettres de mon prénom, de massage et lithothérapie, donc tout ce qui me définit»), comme la pression de ses doigts et des pierres semi-précieuses ou les vibrations des bols tibétains qu’elle fait chanter pour amplifier l’effet du soin.
Sortie en pyjama
«Quand j’ai commencé, il y a dix ans, je pratiquais chez moi, mais il fallait jongler avec la vie de famille. Puis, j’ai vu en France une caravane transformée en boutique de vêtements. L’idée a germé. En Suisse, d’autres indépendants fonctionnent ainsi, comme ce barbier ambulant neuchâtelois». (lire FRC Mieux choisir N°112). Nathanaëlle Savoy sillonne donc depuis octobre 2019 les routes du canton de Fribourg et au-delà, hors des grosses agglomérations. Elle est soutenue dans son projet par le réseau des Mampreneurs. C’était à la fois un bon et un mauvais moment pour démarrer: «Beaucoup de gens ont des douleurs au dos et aux genoux, c’est l’effet Covid», raconte cette ancienne fleuriste. Le repli sur soi devrait amener à se détendre, mais à ses dires, on pense à se faire masser quand le corps demande une trêve, alors qu’il est important de s’offrir des échappées pour se ressourcer bien avant de se lancer dans une démarche thérapeutique lourde. Parmi sa clientèle, essentiellement féminine, elle compte quelques exceptions, tel ce fromager, un patron convaincu qu’un employé détendu est efficace et qui offre régulièrement un soin énergétique à chaque collaborateur.

Nathanaëlle Savoy a fait le choix de ne pas être reconnue par les complémentaires. «Je gagne en temps avec les gens plutôt qu’en paperasse administrative.»
Mener sa petite entreprise dans le contexte actuel exige du temps, de la persévérance… et, à défaut de bouche-à-oreille, une certaine maîtrise des réseaux sociaux. Mais Nathanaëlle Savoy est pleine de ressources et son projet, hors des villes et à prix doux (dès 80 fr./h), est encore sans réelle concurrence. «Les gens pensent ne pas avoir de temps à consacrer à une parenthèse? Eh bien, si je viens à eux, c’est cela de gagné dans leur agenda surchargé. J’adore conduire, aller à la découverte des autres. Et la clientèle en télétravail s’octroie même le luxe de se présenter en pyjama si elle le veut! Ce que j’offre, c’est le sur-
mesure que j’aurais rêvé d’avoir quand j’étais jeune maman.»