Santé

Diète: les vertus fragiles du jeûne

Ses bienfaits, s’ils sont prometteurs, ne sont pas assez documentés pour être validés définitivement.
Alimentation

Archive · 30 avril 2019

L’organisme peut supporter d’être privé de nourriture un temps donné, mais l’hydrater est impératif.

Il plane autour de la pratique millénaire du jeûne comme une sorte de halo magique. On lui prête un nombre considérable de propriétés anticancéreuses, anti-vieillissement, diminuant les effets secondaires des chimiothérapies ou prévenant le développement de démences ou de maladies cardiovasculaires. A cette liste de bénéfices présumés s’ajoutent plusieurs déclinaisons: jeûne intermittent ou sur le long cours, total ou comprenant l’ingestion d’aliments faibles en calories. Enfin, les motifs pour s’y soumettre sont très variables, mêlant spiritualité, médecine et esthétique.

Pour Salvatore Bevilacqua, anthropologue à l’Institut des humanités en médecine à Lausanne (UNIL-CHUV), «ce qui est significatif, c’est la prolifération de termes et de méthodes qui ne reposent, en définitive, que sur des validations scientifiques lacunaires, voire absentes pour les humains». L’équipe de Claude Pichard, professeur à l’Unité de nutrition des Hôpitaux Universitaires de Genève, confirme, dans un article de la Revue Médicale Suisse (2018), que «des études cliniques de bonne qualité sont nécessaires pour une meilleure évaluation des effets du jeûne sur la santé et lors de la maladie ». Le savoir actuel n’apporte pas toutes les garanties requises, même si certaines pistes s’avèrent prometteuses. Il faut alors faire le tri entre connaissances scientifiquement acquises et allégations infondées.

Yoshinori Ohsumi est devenu un peu à ses dépens une figure quasi prophétique. En 2016, ce médecin japonais est récompensé du Prix Nobel pour ses travaux sur l’autophagie. Ce terme désigne le processus physiologique par lequel les cellules, tout en se débarrassant de toxines, de virus ou de bactéries, se recyclent et se nourrissent d’elles-mêmes, notamment lorsque le corps cesse d’être alimenté. Autrement dit, le jeûne favorise l’autophagie. De là à en faire le purificateur métabolique par excellence pour s’assurer santé et bien-être, il y a un pas que quelques vendeurs de bonheur n’ont pas hésité à franchir. Sans trop se soucier des raccourcis. Pourtant, s’ils ont permis de comprendre comment certaines maladies telles que parkinson ou alzheimer dérivent des ratés de l’autophagie, les travaux de Yoshinori Ohsumi ne permettent pas de conclure que le jeûne ou une alimentation saine suffisent à se prémunir contre ces pathologies.

Double face

Pour qui s’est essayé au jeûne – idéalement sous contrôle médical – la démarche est ambivalente. Il met à l’épreuve le corps et les sens. Le ralentissement physique et cognitif qu’il induit est vécu différemment d’un individu à un autre. Certains y voient l’opportunité de vivre plus calmement, chez d’autres il est susceptible de provoquer de l’angoisse. Il peut encore être vécu comme un moment privilégié pour questionner ses habitudes ou comme un tremplin, une fois terminé, pour reprendre de mauvais réflexes là où on les avait laissés. Physiologiquement d’ailleurs, en faisant fondre la masse musculaire si aucune activité physique n’est possible durant son déroulement, il peut favoriser l’expansion de la masse graisseuse, notamment chez les individus dont le poids initial est faible.

Cette double face du jeûne se retrouve jusque dans l’hypothèse qu’il serait un adjuvant efficace aux chimiothérapies. Claude Pichard souligne que «bien que le rationnel scientifique pour la pratique du jeûne en cancérologie soit convaincant, les preuves d’une meilleure efficacité thérapeutique se font attendre». A cette incertitude s’ajoute la réticence que peuvent avoir des médecins de proposer un jeûne intermittent lors de chimiothérapies «de peur de péjorer leur état nutritionnel» et afin de «lutter contre le taux élevé de dénutrition observé chez les patients cancéreux». En définitive, il en va de l’alimentation comme du jeûne: l’équilibre y est une constante précaire.

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