Deux nouveaux visages pour le canton de Fribourg

Le tandem vient d'horizons différents et complémentaires. Tous deux attachés à Fribourg, ces bénévoles partagent des valeurs communes, notamment pour la promotion d’une consommation responsable et durable, ainsi que le goût à défendre une vision du monde solidaire. Rencontre avec Laura Dubuis et François Ingold, profondément engagés dans la cause publique et dans le tissu économique, associatif et politique fribourgeois.

Laura Dubuis, qui êtes-vous?

J’ai 37 ans et je vis à Fribourg. Mon parcours est marqué par deux axes: d’un côté la créativité, comme graphiste indépendante; de l’autre, l’engagement social, qui m’a conduite à reprendre des études en travail social. J’ai également une solide expérience dans le domaine de l’éducation sociale et de la formation. Ces étapes traduisent mon intérêt constant pour l’humain, les questions de solidarité et la recherche de solutions concrètes et accessibles.

Quelle consommatrice êtes-vous?

LB: Je suis attentive au prix, mais pas uniquement dans une logique du «moins cher possible». Pour moi, le prix est aussi le reflet de conditions sociales et humaines: il comprend le salaire des employés, la rémunération des producteurs et, plus largement, l’équilibre d’un système économique. J’essaie de concilier pragmatisme et responsabilité, en me demandant régulièrement si ce que j’achète a du sens d'un point de vue éthique et écologique.

Comment êtes-vous arrivée à la FRC?

LB: C’est mon amie Nicole, anciennement présidente de la FRC Fribourg, qui m’a informée que la présidence était vacante et qu’elle me voyait dans ce rôle pour soutenir cette cause. J’ai pris le temps de réfléchir à cet engagement, consciente qu’il demande une forte implication. Un investissement certes exigeant, mais qui garde tout son sens puisqu’il repose sur le bénévolat. J’ai ainsi choisi de rejoindre la FRC Fribourg par volonté d’agir concrètement et de ne plus rester simple spectatrice. Comme beaucoup, j’ai déjà ressenti de la frustration face à certaines pratiques commerciales ou à des situations d’achat où la voix du consommateur n’est pas suffisamment entendue. Mon engagement me permet de mener une action constructive et collective, tournée vers l’équité et la défense des droits des consommateurs.

Vous allez partager une coprésidence. Qu’est-ce que cela signifie concrètement – dans l’organisation entre vous, vis-à-vis du public? 
LB: La coprésidence, pour moi, c’est une manière de refléter la diversité et la complémentarité des points de vue. Dans l’organisation, cela signifie un dialogue permanent et une capacité à se soutenir et à se relayer. Vis-à-vis des consommateurs, c’est le signe que l'association valorise la collégialité et le travail en réseau. Mon parcours dans le domaine social et de la communication m’apporte une sensibilité particulière aux questions humaines, que je vois comme un complément utile aux autres compétences présentes dans le comité.

Vous êtes-vous déjà fixés des objectifs précis? Avez-vous identifié un défi en particulier? Comment voyez-vous votre ancrage local?  
LB: Le défi que je vois est d’arriver à toucher un public jeune, qui parfois se sent éloigné des problématiques de consommation, alors qu’il est directement concerné. Mon ancrage local, notamment grâce à mon parcours académique et professionnel à Fribourg, me semble un atout pour créer des ponts entre les réalités locales et les enjeux plus larges de la consommation. Un premier objectif est de renforcer la visibilité de l’association dans le canton, pour qu’elle soit perçue non seulement comme une référence romande, mais aussi comme un acteur de proximité. Je m'occupe d'ailleurs personnellement de la présence de la FRC, avec le soutien de tout le comité, à l'événement Goûts et Terroir cette année (du 29 octobre au 2 novembre à Bulle). Nous voulons renforcer la présence de la FRC en terre fribourgoise et nous nous réjouissons déjà des projets à venir.

François Ingold, qui êtes-vous?

Je suis né dans la campagne fribourgeoise il y a 47 ans. Après mon école obligatoire et une maturité scientifique à Fribourg, je suis parti à Lausanne pour étudier la musique, matière que je continue à enseigner dans une Haute École pédagogique. À 33 ans, je me suis intéressé plus activement à la politique, ce qui m'a permis de siéger au Conseil général de la Ville de Fribourg puis, dès 2021, au Parlement cantonal comme député et chef de groupe. Pour étayer mon travail politique, j’ai repris mes études en parallèle à ma vie familiale et professionnelle en me passionnant pour l’économie et l’histoire, puis le management durable à la HEG à Genève.

Quel consommateur êtes-vous?

FI: Comme parent solo, je suis confronté quotidiennement à de nombreux défis de consommateur. Le prix des aliments a bien entendu une importance dans mes choix, mais ce qui dicte ce que j’achète, c’est avant tout leur qualité et la proximité de la production. Ainsi, en famille, nous fréquentons assidument la boulangerie et la boucherie du quartier. Nous allons également deux fois par semaine au marché. Au supermarché, nous achetons le moins possible de produits transformés et nous cuisinons tous les jours.

Comment êtes-vous arrivé à la FRC?

FI: Dans les années 1980, mes parents laissaient traîner les numéros de J’achète mieux (la revue de l’association devenue FRC Mieux choisir, ndlr) et je dévorais les infographies et les enquêtes. Je peux même prétendre que j’ai un peu appris à lire avec ce magazine. Je trouvais merveilleux, déjà à 8-10 ans, que des gens mènent des enquêtes pour «sauver» les consommateurs et trouver les meilleures alternatives possibles. Aujourd’hui, dans mon activité de politicien, je suis amené régulièrement à défendre la population, ainsi qu'à promouvoir les circuits courts. C’est donc tout naturellement que je m’intègre à cette belle équipe...

Vous allez partager une coprésidence, qu’est-ce que cela signifie concrètement – dans l’organisation entre vous, vis-à-vis du public?  
FI: Une coprésidence permet de mettre en valeur le meilleur de chacun de nous et de s’entraider dans les moments plus denses. Il n’y a pas une semaine qui passe où l'on n’échange pas sur l’organisation ou des thématiques avec Laura. Cela nous permet également de mieux porter les projets et avec plus d’énergie.

Vous êtes-vous déjà fixés des objectifs précis? Avez-vous identifié un défi en particulier? Comment voyez-vous votre ancrage local?  
FI: Étant enfant, les questions de consommation se posaient assez peu. On allait chercher le lait à la laiterie, la viande chez le boucher, le pain chez le boulanger et les légumes à la ferme, le tout à pied ou à vélo. Si on n’était pas content avec ce qu’on nous vendait, on pouvait en discuter directement avec le producteur ou l’artisan; tout le monde se connaissait et se tutoyait. C’était avant l’arrivée du premier grand centre commercial dans la campagne sarinoise. Aujourd’hui, la grande distribution a coupé le lien privilégié que nous avions entre notre assiette et les producteurs.  Et le politique, invoquant une logique d’économie de marché, crée trop souvent des écrans de fumée pour mieux accoler la consommation au PIB plutôt que de défendre une production locale de qualité et de se porter garant de la qualité de notre assiette. Plus que jamais, le rôle de la FRC est primordial. Comme coprésident de la FRC Fribourg, mon objectif est de défendre tous les consommateurs, indépendamment de leurs choix d'achat, souvent dictés par une publicité agressive et des prix racoleurs.