Contamination
Des salmonelles où on ne les attendait pas
Archive · 20 avril 2022, Mis à jour le 19 mai 2022
Mise à jour 19 mai 2022:
Selon l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), le nombre de cas de salmonellose en lien avec des produits Kinder est en train de diminuer. Jusqu’à présent, 324 cas probables et confirmés ont été enregistrés en UE et EEE, 41% d'entre eux ont dû être hospitalisés. L'EFSA indique que les analyses dans l’entreprise italienne qui avait livré le babeurre du réservoir contaminé n’ont pas révélé de salmonelles, tout comme celles dans deux autres usines du fabricant. En outre, huit cas d’infection ne peuvent pas être expliqués par la consommation de produits issus de l’usine belge, ce qui suggère une autre source de salmonelles qui n'aurait pas encore été trouvée.
150 cas confirmés et probables de salmonellose liées à des produits chocolatés issus de la même usine ont été recensés dans neuf pays européens. Le premier cas est apparu le 21 décembre 2021 au Royaume-Uni, suivi de 18 cas au mois de février 2022. Les infections concernent principalement des enfants de moins de 10 ans, le public cible de ces chocolats. Dans les pays qui identifient les bactéries grâce au typage moléculaire, les analyses prouvent qu’il s’agit d’une même souche de salmonelles. Les infections sont donc reliées. Impossible en revanche de remonter à la source – et donc de comptabiliser les cas – dans les pays qui ne réalisent pas ces analyses.
Comment cela a-t-il pu arriver?
Dans l’usine belge qui fabrique les produits incriminés, un réservoir de babeurre est contaminé par des salmonelles au mois de décembre. Après un nettoyage de la cuve, des analyses supplémentaires et des tests négatifs, les chocolats sont distribués par les circuits habituels. Les produits arrivent dans les magasins environ 60 jours après leur fabrication et sont en vente entre 227 et 270 jours.
Le même incident se reproduit au mois de janvier avec des bactéries de la même souche. Les autorités sanitaires belges n’en sont pourtant averties qu’en début avril, quand elles décident de retirer l’autorisation de produire des denrées alimentaires à l’entreprise, incapable de garantir la sécurité de ses produits.
Le 25 mars, la plateforme européenne d’alerte RASFF avertit officiellement tous les pays dont la Suisse. Les investigations se poursuivent et les premiers pays rappellent les produits le 2 avril. La Suisse ne réagit que le 7, quand l’entreprise commence à retirer elle-même certains lots. Les autorités publient la liste sur le site RecallSwiss. Après la fermeture de l’usine, le fabricant rappelle la totalité des produits et la liste est actualisée. Les détaillants retirent la marchandise de leurs rayons et avertissent leurs clients par courrier reçu le 9 avril… mais certains chocolats sont néanmoins encore en vente et des cas de salmonellose suspectée sont déclarés.
Les salmonelles, c’est quoi?
Les salmonelles sont des bactéries typiques des infections alimentaires. Les aliments à risque sont notamment la viande, notamment la volaille crue ou pas assez cuite et les produits qui en contiennent. Des denrées végétales peuvent aussi être contaminées comme des tranches de pastèque non réfrigérées, vendues sur une plage, ou des pousses germées. La présence de salmonelles dans des aliments gras comme du chocolat est plus rare, mais le risque est accentué dans ces cas par la matière grasse qui protège les bactéries lors du passage dans l’estomac, même en petit nombre. Les salmonelles arrivent vivantes dans l’intestin où elles se multiplient et déclenchent l’infection. Environ 1200 cas de salmonellose ont été enregistrés en Suisse en 2020. La gravité dépend du nombre de bactéries et des défenses immunitaires de la personne. Les plus à risque sont notamment les petits enfants, en l’occurrence les destinataires des produits Kinder.
Quels sont les symptômes?
Les symptômes apparaissent soudainement 6 à 72 heures après la consommation de l’aliment infecté. Il s’agit de crampes abdominales, de diarrhée et souvent de vomissement et de fièvre. Une perte importante de liquide peut être dangereuse, surtout pour les petits enfants. Environ la moitié des enfants atteints par la salmonellose due aux chocolats Kinder ont dû être hospitalisés.
Quelles sont les demandes à formuler aux autorités?
Les salmonelles sont apparemment arrivées par la matière première, mais leur origine n’a pas encore été déterminée précisément. La traçabilité devrait pourtant être garantie à tout moment. Comment donc améliorer le suivi des matières pour réduire les risques?
La Suisse a bien réagi, mais avec du retard par rapport à nos voisins. Vu son statut actuel au sein de l’Union européenne, elle n’est pas membre à part entière de la plateforme d’alerte RASFF, et l’EFSA la mentionne seulement parmi la soixantaine de pays de la distribution globale, quelque part entre l’Albanie et l’Ouzbékistan.
Comment améliorer le flux d’information?
Certains magasins en Suisse ont continué à vendre les produits Kinder incriminés après le rappel général du 8 avril. Comment améliorer l’information aux points de vente afin que les retraits et rappels soient suivis d’effet immédiats?
Le premier cas de salmonellose du mois de décembre ne peut pas provenir du même lot, car les chocolats mettent 60 jours pour arriver dans les rayons des magasins. Cela veut dire que l’usine avait déjà un problème avant décembre. Comment diminuer les risques futurs?
La FRC a rendez-vous prochainement avec l’OSAV pour évoquer ces différents points.
Comment se protéger contre les salmonelles?
Les salmonelles se multiplient entre 10 et 47 degrés et peuvent survivre plusieurs mois sur certains aliments, même sur des aliments congelés. En-dessous de 8 degrés, le froid empêche la multiplication, d’où l’importance de garder les viandes dans la zone la plus froide du réfrigérateur. Chauffer les denrées à plus de 60 degrés commence à détruire ces bactéries. Les personnes à risque devraient donc toujours manger de la viande bien cuite.
La contamination des denrées végétales peut être limitée en respectant les règles d’hygiène en cuisine: séparation stricte des aliments à cuire et de ceux qui sont prêts à être consommés, utilisation de planches et de couteaux différents, lavage des mains et des ustensiles à l’eau chaude savonneuse.
Les consommateurs ne peuvent en revanche pas se protéger de la contamination par le chocolat. Ils dépendent entièrement des contrôles officiels et des rappels de produits.
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