Alimentation
Des OGM cachés dans l’assiette
Les cultures transgéniques sont interdites en Suisse. Toutefois, certaines denrées contiennent des OGM, ne serait-ce qu’indirectement, sans que leur présence soit signalée.
Archive · 05 février 2013

L’année 1996 a marqué un tournant, puisque c’est à cette date que les premières variétés transgéniques de maïs et de soja ont débarqué sur les étals américains. Depuis, les surfaces consacrées à l’agriculture OGM ont été multipliées par 94 dans le monde, pour atteindre 160 millions d’hectares en 2011 – dont 69 millions rien qu’aux Etats-Unis. Parmi les cultures génétiquement modifiées les plus massives, le coton, dont 82% de la production mondiale sont transgéniques, est suivi du soja (75%), du maïs (32%) et du colza (26%). Ces chiffres sont en constante progression.
En Suisse, les plantes dont l’ADN a été manipulé ont mauvaise presse, et le Parlement a, en décembre dernier, prolongé jusqu’en 2017 le moratoire sur leur culture. Mais cette interdiction se cantonne au territoire helvétique. Les importations de denrées végétales génétiquement modifiées sont autorisées sous certaines conditions. Notre pays a ainsi accordé le feu vert à quatre OGM destinés à l’alimentation humaine: une variété de soja et trois de maïs. A condition que leur présence soit dûment signalée sur les étiquettes lorsque les concentrations en OGM dépassent 0,9% par ingrédient. Une transparence qui permet aux consommateurs de faire leur choix en toute connaissance de cause.
Quid de la viande importée?
Mais au vu de la défiance de ces derniers, on ne trouve pratiquement pas d’aliments en Suisse labellisés transgéniques. Les chimistes cantonaux, qui effectuent régulièrement des contrôles, ont analysés 554 denrées à risque en 2011. Résultats: 6,5% des produits présentaient des traces d’OGM inférieures à 0,9%, et seul 0,5% des produits aurait dû être étiqueté. C’est le cas de barres de céréales importées par certains fitness directement des Etats-Unis, où la loi n’oblige pas les fabricants à déclarer la présence d’ingrédients transgéniques.
Mais l’absence d’indication sur les emballages ne signifie pas pour autant que nous ne consommons aucun OGM, ne serait-ce qu’indirectement. Car cette règle de l’étiquetage ne concerne pas les produits d’origine animale, tels la viande, le lait ou les œufs. Impossible dès lors de savoir si la volaille ou le porc ont été nourris avec des céréales transgéniques alors que nos voisins européens autorisent plus de 40 variétés végétales OGM pour l’alimentation du bétail. Une probabilité bien moindre en Suisse, où les éleveurs jouent le jeu en s’approvisionnant uniquement dans les filières non OGM.
Autre denrée: le miel, qui peut contenir du pollen transgénique, et cela sans que l’apiculteur le sache, les abeilles butinant par nature où bon leur semble. En 2009, Greenpeace a fait un test dans les magasins suisses. Sur seize produits provenant d’Amérique du Nord, du Sud et d’Europe, six contenaient du pollen transgénique. De nouveau, les miels suisses en sont, en principe, exempts en raison du moratoire sur les cultures. Néanmoins, la question de savoir si cette présence doit être étiquetée fait débat.
Des glaces qui ne fondent plus
Enfin, il existe aussi des produits élaborés grâce au génie génétique, comme des vitamines B2 et B12 produites par des bactéries génétiquement modifiées, et qui se nichent dans une grande quantité d’aliments, ou encore des «auxiliaires technologiques OGM». Sont concernées par ce terme quelque peu abscons de nouvelles glaces Lusso, les marques Solero Explosion et Twister 3D, qui contiennent une protéine issue de levures génétiquement modifiées directement inspirée de celle que l’on trouve dans certains poissons vivant dans des eaux très froides.
Selon son fabricant, Unilever, cette prouesse transgénique, appelée ISP (pour Ice Structuring Protein), permet à la glace de mieux garder sa forme hors du congélateur, une qualité très appréciable dans les contrées chaudes et durant les transports. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a autorisé le géant anglo-hollandais à commercialiser ces produits en Suisse, tout comme deux autres enzymes, produits par des levures génétiquement modifiées, utilisés dans la fabrication de certains fromages. Aucun de ces articles ne mentionne un recours aux techniques OGM. Précisons toutefois que, dans le cadre de ce type de génie génétique qu’on qualifie de «blanc», le produit final ne contient plus de traces d’OGM.
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