Partage 2.0
Des débuts timides en Suisse
Archive · 31 mars 2015


Laurianne Altwegg
Responsable Agriculture, Énergie et Environnement
Donner, louer, partager objets ou savoir-faire: c’est là l’origine de l’économie du partage ou de la consommation collaborative. Le concept n’est pas nouveau: les SEL (systèmes d’échange locaux) sont nés dans les années 1980 au Canada dans le but de permettre à tous d’accéder à un certain nombre de services malgré la crise, tout en valorisant les compétences et en favorisant la création de liens sociaux. Arrivés en Suisse en 1997, les SEL permettent encore aujourd’hui à leurs membres d’échanger services, compétences ou biens (infos sur sel-suisse.ch).
Avec l’avènement d’internet, la sharing economy a cependant pris une tout autre ampleur. On ne compte plus les sites de location, de troc ou de don entre particuliers (outils, appartements, véhicules, etc.), ou les plateformes d’échange de services. Tous ont le même credo: limiter le gaspillage, économiser de l’argent et, but ultime, permettre à leurs utilisateurs de se rencontrer dans la «vraie» vie. Un bel exemple de succès est le site français ilokyou.com: en quelques clics, il est possible de solliciter un coup de main de ses voisins pour une tâche à effectuer ou pour emprunter un objet.
Louer plutôt qu’acheter
Qu’en est-il en Suisse? Si l’économie du partage 2.0 y a aussi essaimé, elle concerne avant tout la location d’objets entre privés. Les sites e-syrent.ch et locationmania.ch regroupent ainsi des offres de particuliers. A l’usage, il y a quelques inconvénients: d’abord, trouver un objet précis en location près de chez soi revient parfois à chercher une aiguille dans une botte de foin; méfiance, ensuite, face aux offres déguisées de professionnels, aux tarifs qui ne sont pas toujours compétitifs. (Mise à jour 2016: locationmania.ch n'existe plus.)
Avec ses 1700 objets en location, e-syrent est cependant encore loin de sa consœur française zilok.fr. Quelles en sont les raisons? Selon Florian Candelieri, fondateur de e-syrent, «d’une part, les sites français ont vu le jour avant les suisses en raison de la crise; d’autre part, le rapport à la propriété est différent et les mentalités doivent encore évoluer: comme l’économie va bien, les gens se tournent vers l’achat de neuf.» Il reste toutefois confiant quant aux perspectives d’avenir de l’économie du partage en Suisse.
Quelques succès
Le site pumpipumpe.ch semble également lui donner raison: basé sur un concept très simple, cette initiative bernoise propose de commander gratuitement des autocollants à apposer sur la boîte aux lettres pour indiquer à ses voisins quels objets ils peuvent venir emprunter. Le site a tellement de succès que le collectif manque actuellement de ressources pour pouvoir y répondre. Autre initiative, keepinuse.ch, qui permet simplement d’offrir des objets inutilisés et a déjà permis plus de 1700 échanges depuis sa création, en 2013.
Si l’économie du partage se développe en Suisse, le domaine de l’échange de services est en revanche quasi inexistant. Parmi les initiatives qui ont vu le jour, la plateforme easyswap.org, qui permet d’échanger des biens et des services avec des swaps plutôt qu’avec de l’argent, peine à trouver son public. (Mise à jour 2016: le site n'existe d'ailleurs plus du tout...)
De leur côté, les SEL restent méconnus, malgré leur longue existence sur le territoire helvétique. Les consommateurs suisses ne seraient-ils pas sensibles à ce type d’échanges ou les mentalités sont-elles enfin en train d’évoluer? Le succès croissant des repair cafés semblerait suggérer la seconde solution, mais la consommation collaborative en est à ses balbutiements en Suisse.
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