10.6.2021, Barbara Pfenniger
L’irradiation, ou ionisation, est une technique utilisée depuis une quarantaine d’années. Rien de neuf si ce n’est qu'au niveau international, l’industrie y recourt de plus en plus. Mais est-elle un danger pour le consommateur? La question redevient d’actualité suite à la publication d’un article de Food Safety News prédisant une augmentation du traitement des denrées alimentaires par irradiation d’ici à 2026. Zoom en trois points.
La question de l’irradiation des denrées redevient d’actualité suite à la publication d’un article de Food Safety News prédisant une augmentation du traitement des denrées alimentaires par irradiation d’ici à 2026. Zoom en trois points.
Technique | Les denrées, encore en vrac ou déjà emballées, sont exposées à une source de rayons gamma. Selon la dose d’irradiation, le traitement empêche la germination (pommes de terre, oignons), stoppe le mûrissement des fruits et légumes ou détruit les bactéries voire les insectes. Son intérêt est avant tout commercial: les temps de transport et de stockage sont prolongés et la fraîcheur visuelle des produits est maintenue. Les entreprises d’élevage de masse y recourent aussi pour désinfecter la viande sans subir de pertes ni devoir améliorer leurs pratiques de production.
Effet | Les aliments traités ne deviennent en aucun cas radioactifs. L’Organisation mondiale de la santé est claire à ce sujet: ils sont sûrs. L’irradiation détruit certaines molécules et peut tout au plus diminuer la teneur en certaines vitamines, notamment du groupe B. Elle peut aussi favoriser le rancissement des graisses à haute dose et en présence d’oxygène.
Etiquetage | En Suisse comme dans l’Union européenne, l’irradiation est interdite pour les produits bio. Notre pays ne la pratique pas et l’autorise uniquement pour le traitement ou l’importation d’épices et de fines herbes séchées. Tout autre produit irradié est soumis à autorisation. L’emballage doit faire figurer la mention «irradié» ou «traité par rayonnement ionisant». La FRC a obtenu que cette information soit aussi obligatoire par écrit pour la vente en vrac. Les réticences du consommateur à acheter pareils produits font qu’ils sont quasi inexistants sur le marché. Or, au vu du nombre d’entreprises agréées en Europe, il est permis de se demander si ces épices et fines herbes séchées ne sont pas tout simplement invisibles, car intégrées dans des aliments transformés. Les chimistes cantonaux, dont la recherche est principalement à leur charge, mettent l’accent sur les plats asiatiques à base de nouilles car ils contiendraient des sachets de mélanges d’aromates soumis à irradiation. Chez nos voisins, ce sont surtout les cuisses de grenouille, les crevettes et la volaille qui posaient problème en n’indiquant pas le traitement ionisant qu’ils avaient subi.
Le point de vue de la FRC: Si l’irradiation devient de plus en plus pratiquée, il serait important d’intensifier d’autant les contrôles sur les importations, notamment en cas d’accord de libre-échange avec les Etats-Unis qui pratiquent l’irradiation de la viande hachée et de la volaille.