Festival
Décrypter le billet de concert
Archive · 04 juillet 2017

Combien touche un artiste sur le prix que vous déboursez? On ne vous dévoilera ni le cachet de Red Hot Chili Peppers à Paléo ni de Youssou N’Dour à Montreux: la décomposition d’un prix est généralement un secret encore mieux gardé que la recette de l’Appenzeller! Toutefois les festivals de Paléo et du Montreux Jazz ont fait preuve d’une réjouissante transparence. Leurs comptes sont publics, et il est facile d’aller voir ce qui compose les respectivement 25 et 28 millions de budget de ces événements majeurs de l’été. A une moindre échelle, le Cully Jazz présente un budget dix fois moins volumineux, mais réparti de manière similaire. Les autres festivals romands n’ont pas répondu à nos sollicitations.
Pour Paléo, les recettes des billets constituent la moitié du budget (12,5 mio). Et les charges liées au spectacle – cachet de l’artiste et mise en place de la scène – s’élèvent à un tiers (28% ou 7 mio). Toutefois, il faudrait encore ajouter à ces charges les frais de construction des scènes (18% ou 4,5 mio) pour l’ensemble du festival, comprenant en outre les autres infrastructures de restauration, poste sanitaire, WC, etc.
Le Montreux Jazz est allé jusqu’à nous fournir la répartition des coûts d’un billet-type à 90 fr. pour l’Auditorium Stravinski (voir infographie). La production du spectacle représente 72%, répartis entre le cachet de l’artiste et l’aménagement de la salle à ses besoins. Le solde couvre les droits d’auteur (Suisa) et de billetterie, les frais d’accueil de l’artiste et les infrastructures. Les charges fixes (aménagement, personnel, etc.) sont comptabilisées à part. L’organisateur de Montreux table sur les recettes de billetterie pour couvrir les charges du spectacle. Un principe qui mise sur des concerts joués à guichets fermés. Or, en réalité, le taux de remplissage tourne davantage autour de 85% ces dernières années, couvrant ainsi un tiers du budget.
Ce que révèlent ces chiffres? Une place à 90 fr. ne fournit pas des marges conséquentes à l’organisateur pour autant. Tant les budgets de Paléo, du Montreux Jazz que du Cully Jazz montrent que l’équilibre est tout juste atteint. Lorsqu’il y a bénéfice, il représente environ 1% du budget, soit quelques dizaines de milliers de francs pour Cully, quelques centaines de milliers pour Nyon et Montreux. La somme est d’ailleurs systématiquement réinvestie dans l’événement dans la mesure où Paléo est une association et les deux autres sont des fondations.
Restauration et sponsoring
La rentabilité passe donc par d’autres canaux. Ainsi, le bénéfice du secteur nourriture et boissons offre une marge de 8% (2,24 mio) au Montreux Jazz, tandis que le merchandising avoisine 1%. A Paléo, bars et restauration représentent 18% des recettes et la part du merchandising grimpe à 7%. Reste un facteur contre lequel on ne peut lutter: la météo! En cas de mauvais temps, sûr que votre porte-monnaie s’en trouvera mieux garni à l’issue du concert…
Vous vous demandez peut-être pourquoi vous vous retrouvez bombardé de publicités en tous genres sur place. La réponse est simple: les sponsors génèrent une part non négligeable du budget, de l’ordre de 17% à Paléo et 26% au Montreux Jazz. De l’argent sonnant et trébuchant qui n’implique aucune charge en retour!
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