Décarboner ses habitudes

C’est un fait: les effets du changement climatique iront croissant, en Suisse comme ailleurs. Toutefois, bien que la plupart des habitants s’inquiètent et que beaucoup connaissent des solutions, peu agissent. Un constat qui ne surprend pas les spécialistes des sciences comportementales: le cerveau a tendance à nous pousser à faire des choix allant parfois à l’encontre du bon sens pour privilégier une «récompense» immédiate. De plus, les habitudes sont acquises dès l’enfance et deviennent inconscientes avec le temps. Est-il impossible d’y échapper? Pas si sûr! Certes, changer ses habitudes ne peut pas se faire en un jour, car déprogrammer des comportements routiniers construits sur des dizaines d’années demande du temps. Certaines méthodes permettent toutefois d’y contribuer. En voici quelques exemples (tous les liens sur notre site).

COACH À DOMICILE | Le projet Ma commune et moi, piloté par Romande Énergie, offre la possibilité à une centaine d'habitants de sept communes vaudoises et trois valaisannes de bénéficier d’un accompagnement personnalisé. Payant mais fortement subventionné par la commune, il implique trois rendez-vous (deux avec un coach en durabilité et un collectif avec tous les foyers participants) avec un coach en durabilité sur une durée de six mois environ. Le professionnel établit d’abord le bilan carbone avec les personnes du ménage et propose des alternatives durables sur mesure selon les besoins du foyer. Par exemple dans les domaines de l’habitat, de la mobilité, de l’alimentation, de la finance durable, de la consommation, de la biodiversité, etc. En février, l’entreprise notait que depuis son lancement en 2021, 325 participants au programme avaient évité l’émission de 191 tonnes d’équivalent CO2, soit 3,2 tonnes par foyer.

ATELIERS PARTICIPATIFS | La méthode des «Conversations carbone» est importée du Royaume-Uni par l’association des Artisans de la transition. Elle consiste à faire se rencontrer un groupe de huit à dix personnes accompagnées par une équipe de facilitation. Grâce à ces ateliers, le groupe aide chaque participant à réduire son empreinte climatique. Après six ans de déploiement, un bilan réalisé par l’Université de Berne et publié dans La Revue Durable a montré que les gens avaient réduit leur empreinte de 14% en moyenne. Ceci alors qu’il s’agissait déjà de personnes ayant un impact faible comparé à la moyenne suisse. Selon les Artisans de la transition, «près de 700 volontaires ont déjà pris part à une Conversation carbone en Suisse romande et 80% d’entre eux disent que cette expérience les a aidés à modifier leurs comportements».

DIAGNOSTIC PERSONNEL | Dans le cadre du programme eco-21, les Services industriels de Genève proposent la visite d’un conseiller en énergie aux détenteurs d’une villa. Outre les informations ayant trait au bâtiment, ce «diagnostic» – payant mais subventionné – fournit un plan d’action personnalisé pour réaliser des économies d’énergie et réduire sa production de déchets. Il peut être complété par un conseil individuel gratuit en ligne, dispensé par l’association ZeroWaste Switzerland, laquelle offre, comme la FRC, des astuces simples pour limiter déchets et gaspillage.

Si l’une de ces méthodes vous tente, lancez-vous et faites-nous part de vos expériences!

Liens utiles vers les offres disponibles:

• Programme Ma commune et moi (Romande Energie)
• Conversations carbone (Artisans de la transition)
• Diagnostic Villa énergétique et environnemental (SIG)
• Coaching individuel Zéro déchet/zéro gaspillage (ZeroWaste Switzerland)

Bons sens et intuitions trompeuses

Deux nouvelles concomitantes mettent en lumière la complexité du sujet. D’un côté, le projet national de recherche PNR 73 qui a livré ses recommandations visant à concilier le progrès économique avec la responsabilité sociale et environnementale: moins de viande, logements plus petits, utilisation de matériaux comme le bois dans la construction font partie des résultats. Ils mettent aussi en évidence l’importance d’un changement de mentalité pour encourager les technologies innovantes. Mandat est donné au politique de promouvoir ce processus. Bien qu’intéressant, ce «livre blanc» n’étonne guère: la voie à suivre n’en est que plus claire. À l’inverse, le nouvel outil Climpact créé par des chercheurs de l’EPFL, à Lausanne, permet de lutter contre quelques contre-vérités en mettant en lumière les gestes du quotidien qui produisent le plus ou le moins de CO2 ainsi que la perception qu’en ont les gens. Et les surprises sont au rendez-vous, démontrant que le bon sens n’est pas toujours notre allié pour détecter les solutions les plus efficaces pour diminuer notre empreinte carbone.