Sécurité alimentaire

De nouveau roulés dans la farine ?

Alors que l’Europe planifie la réintroduction des farines animales, les lobbyistes s’activent en Suisse. Le point de vue de la FRC.
Alimentation Nourriture et boissons Sécurité alimentaire

Archive · 28 janvier 2014

L’UE veut réintroduire les farines de volaille dans l’alimentation des cochons. Photo: Evgeny Murtola/shutterstock.com

En novembre 1990, le premier cas de vache folle est identifié en Suisse. L’interdiction de donner des farines animales aux ruminants tombe un mois plus tard, étendue aux porcs et aux volailles en 2001. Or l’Union européenne réfléchit à réintroduire cette année les farines de volaille dans l’alimentation des cochons, sous la pression de gros producteurs comme la Pologne et les Pays-Bas. L’inverse – nourrir les volailles avec des farines de porc – est envisagé dans un second temps.

En Suisse, l’idée est relayée par VSF (vsf-mills.ch), l’association des fabricants d’aliments fourragers, qui avance aussi bien des raisons économiques qu’écologiques. La FRC passe leurs arguments à la moulinette.

Ne pas gaspiller de déchets de boucherie en les brûlant

Actuellement, une grande partie des morceaux non consommés en Suisse sont exportés; d’autres résidus sont transformés en nourriture pour animaux domestiques, un débouché très rentable. Seul le matériel à risque – cervelle, moelle épinière des bovins, cadavres d’animaux malades, etc. – est systématiquement incinéré.

De plus, nourrir les porcs avec des farines de volaille suppose une stricte séparation des filières, depuis l’abattoir jusqu’au moulin, afin d’éviter tout risque de cannibalisme. Si Migros juge sa filiale Micarna «bien préparée», la FRC reste dubitative, compte tenu de l’exiguïté du marché helvétique.

Réduire la dépendance aux importations de soja

Les besoins annuels en protéines des élevages suisses s’élèvent à 450 000 tonnes. Selon l’estimation de Centravo, société active dans la valorisation des sous-produits de boucherie, ce sont 220 000 tonnes de déchets qui pourraient être transformés en 44 000 tonnes de farines animales chaque année. La Suisse serait de toute façon obligée d’importer des protéines végétales ou animales, avec, pour ces dernières, le problème de la traçabilité.

Rappelons que, en pleine période de la vache folle, les autorités suisses étaient convaincues qu’aucune farine britannique n’avait passé la frontière… jusqu’à ce qu’elles constatent que des lots avaient été «naturalisés» par un pays voisin. Vingt ans après, la crise du «horsegate» et sa réplique, le cheval de laboratoire qui finit en steaks, démontrent que rien n’a changé.

Ne pas pénaliser les éleveurs suisses face à leurs voisins

Ce n’est pas en volume que la Suisse peut régater avec les gros producteurs européens, mais en qualité. Ouvrir la porte à ces farines, c’est risquer d’écorner l’image positive des produits swiss made. La Communauté d’intérêt du commerce de détail suisse (igdhs.ch), représentant Migros et Coop, relève que la Suisse a peu de marge de manœuvre: «Il faudra s’aligner sur la décision de l’UE, quelle que soit la direction prise.» A quoi la FRC rétorque que la France a déjà exclu un assouplissement.

La récurrence des scandales rend peu crédible le respect des «conditions strictes» prévues par l’UE et reprises par la VSF et l’IG DHS. De plus, accepter un assouplissement revient à ouvrir la boîte de Pandore, alors que certains souhaitent, ultimement, la réintroduction des farines issues de bovins dans l’alimentation des animaux d’élevage.

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