11.3.2015, Nicolas Berlie avec la collaboration de Solène Spangenberg / Photo Shutterstock / Andrey_Popov
Quels sont les pièges à éviter avec les services de "dating"? Et quelles menaces font-ils planer sur la sphère privée?
Les sites et applications de rencontre font désormais partie du paysage de la séduction: en 2015, on ne laisse plus tomber son mouchoir, on « match » sur Tinder, l’app de dating la plus populaire au monde – on compterait dix millions de « matchs » par jour.
Mais Tinder n’est pas tout seul. Au contraire, ce n’est qu’un service parmi d’autres, d’innombrables autres, qu’ils soient payants ou gratuits, « matrimoniaux » ou adultères, gays ou hétéros, voire libertins. Nous en avons passé un échantillon au crible, épluchant notamment leurs conditions générales : Be2, e-darling, Meetic, Grindr et Tinder.
Premier constat: il y a énormément de similitudes entre les conditions de ces différents services. Deuxième constat, ces similitudes ne sont souvent pas pour le meilleur, notamment aux chapitres de la reconduction du contrat et de la protection des données.
Reconduction tacite
C’est une norme: comme pour les abonnements de fitness, la reconduction d’un contrat est tacite. Veillez donc à le dénoncer durant le préavis (jusqu’à 14 jours avant l’échéance de l’abonnement, notamment chez Be2). Et attention à une petite spécialité des sites de rencontre: en effet, ceux-ci découplent la création d’un profil (souvent gratuite) de la contraction d’un abonnement payant. Autrement dit, la suppression d’un profil n’entraîne pas la résiliation de l’abonnement. C’est une démarche qu’il faut effectuer séparément. Cela peut entraîner de la confusion et plusieurs personnes, piégées, se sont plaintes auprès de la Permanence de la FRC.
Service | Be2 | e-darling | Meetic |
Préavis | 14 jours avant l’échéance | 7 jours | 48 heures |
Payer le prix
Trouver l’amour en ligne coûte cher. Certes, les sites de rencontre sous revue proposent tous des services gratuits, mais ceux-ci servent exclusivement à ferrer le poisson: la version gratuite permet tout juste de faire du lèche-vitrine, mais ce n’est qu’en prenant un abonnement payant que vous pourrez passer la porte, et notamment recevoir et envoyer des messages.
La fourchette de prix est, elle, assez élastique. Et le prix est fonction de la durée de souscription: plus elle sera longue, moins vous payerez par mois. Pour un engagement de trois mois, le tarif va de 119.85 francs (Meetic) à 329.70 (Be2). Relevons encore que seul Meetic propose un abonnement d’un mois.
Service | Be2 | e-darling | Meetic |
Prix | 3 mois = 109.90/mois 6 mois = 65.90/mois 12 mois = 49.90/mois | 3 mois = 99.90/mois 6 mois = 59.90/mois 12 mois = 39.90/mois | 1 mois = 59.95 3 mois = 39.95/mois 6 mois = 29.95/mois |
A noter que Grindr, application réservée aux homosexuels et aux bisexuels, est gratuite. Mais un service payant (5 francs par mois) permet de supprimer les pubs et d’accéder à plus de profils.
Quant à Tinder, la très populaire app fait sa révolution: la société américaine a lancé début mars son service premium Tinder Plus, donnant accès à de nouvelles fonctionnalités. Contrairement à l’app de base, gratuite, ce service sera payant. Et là où l’affaire fait couler beaucoup d’encre, c’est que son prix est discriminatoire envers les trentenaires. Aux Etats-Unis, elle coûtera 9.99 dollars par mois pour les moins de 30 ans, et 19.99 dollars dès la trentaine. Au Royaume-Uni, l’âge-limite est même abaissé: les moins de 28 ans devront débourser 3.99 livres par mois, contre 14.99 livres pour les plus âgés (5.80 francs contre 22.10 francs). Autrement dit, Tinder cherche l’argent là où il se trouve…
Pour l’heure, rien n’a encore été annoncé pour la Suisse.
Et mes données?
S’inscrire sur un site de rencontres, c’est accepter de lâcher la bride sur ses données. Un peu, voire beaucoup dans le cas des sites de rencontre, qui s’arrogent parfois des droits de licence très larges. Et passionnément dans le cas des apps. Grindr précise par exemple que les données personnelles des utilisateurs peuvent être traitées dans des pays, dont les Etats-Unis, où les lois sur la protection des données sont moins strictes. Même topo de la part de Tinder.
En dehors de leurs conditions générales, c’est aussi le fonctionnement de ces apps qui pose problème: tout d’abord, elles sont basées sur la géolocalisation, puisque le principe est d’identifier des coeurs à prendre dans un certain rayon (une app française, Happn, va encore plus loin: elle permet de retrouver, via la géolocalisation, des membres de la communauté Happn que vous avez croisé par hasard dans la rue).
Deuzio, Tinder fonctionne exclusivement en s’interfaçant avec le compte Facebook de l’utilisateur. On retrouve donc la problématique des services tiers, ouvrant une seconde brèche dans la vie privée.
Grindr et Tinder écopent respectivement des notes « C » et « B » par PrivacyGrade, service de Carnegie Mellon qui évalue les apps en fonction de leur respect de la vie privée (la plus mauvaise note étant « D »).