Concurrence à la carte... bancaire

Le 1er janvier 2014, Raiffeisen introduisait le système V Pay de Visa Europe, une carte de débit concurrente de la Maestro de Mastercard. La banque la distribue gratuitement aux titulaires d’un compte Jeunesse, sans leur donner le choix. Les autres clients, en revanche, peuvent conserver leur carte Maestro. Mais la Raiffeisen pousse à l’adoption de la carte V Pay, faisant cadeau des frais la première année. Entre janvier et février, 25 000 cartes ont déjà été écoulées. UBS prévoit également de lancer V Pay cette année, «dans le courant de l’automne», précise Jean-Raphaël Fontannaz, porte-parole de la banque.

Pourquoi un tel mouvement? Contrairement au secteur des cartes de crédit, très concurrentiel, Mastercard possède un quasi-monopole sur le marché des cartes de débit. Seule la Postcard lui conteste le terrain, mais elle est réservée aux clients du géant jaune. Commerçants et établissements bancaires sont donc pieds et poings liés quand Mastercard décrète de nouvelles taxes, comme ce fut le cas le 1er janvier dernier.

L’arrivée de la V Pay représente alors une alternative bienvenue. Avec un Sugus pour les banques: Visa prélève une commission dite d’«interchange» aux commerçants, que la société reverse ensuite aux banques.

Normalement illégale, cette rétrocession est autorisée pendant trois ans par la Commission de la concurrence (Comco). Le temps pour V Pay de faire son trou face à la toute-puissance de la Maestro.

Quels sont les atouts et les faiblesses des trois cartes sur le marché? Nous avons comparé leurs prestations.

LE PRIX

La Raiffeisen demande une cotisation de 30 francs pour la carte V Pay: c’est donc sensiblement moins cher que la Maestro, qui coûte désormais 40 francs par an. «Il ne s’agit pas d’une offre promotionnelle», insiste Philippe Thévoz, porte-parole: le prix de la V Pay ne devrait pas évoluer. Depuis juin 2013, date de notre dernier relevé, notons que plusieurs établissements ont annoncé des hausses de cotisation pour les cartes Maestro: la BCGe, Credit Suisse, mais aussi Raiffeisen. Dans cette dernière banque, la carte Maestro est ainsi passée de 30 à 40 francs.

LA SÉCURITÉ

La carte V Pay est réputée plus sûre pour les clients, assurant notamment une meilleure protection contre le skimming – le piratage de cartes au bancomat. La raison en est simple: les données sont stockées uniquement sur une puce, la carte ne possédant pas de bande magnétique. «Autrement dit, la carte n’est pas rétro-compatible avec les anciens systèmes, moins sûrs, mais repose sur le standard actuel en matière de sécurité des cartes de paiement», explique Pascal Junod, professeur à la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud. En matière de sécurité, la bande magnétique, appartenant au passé, est en effet le principal talon d’Achille des cartes de débit Maestro ou Postcard.

LA COUVERTURE

Garantissant une meilleure sécurité, l’absence de bande magnétique est aussi un handicap dans les pays appliquant des standards moins élevés: hors d’Europe, certains bancomats et terminaux de paiement rejetteront les cartes V Pay. Si la carte Maestro est acceptée par plus d’un million de distributeurs dans le monde, 400 000 seulement, moins du double, prennent la V Pay. Les personnes voyageant aux Etats-Unis risquent d’en faire l’expérience. Il leur faudra dès lors effectuer leurs retraits avec leur carte de crédit.

Voir le tableau récapitulatif des frais et des caractéristiques des cartes bancaires