Télécoms

Communication: les alternatives à WhatsApp

Echapper à la publicité qui va envahir cette application très populaire? C’est possible, en optant pour une autre.
Maison et loisirs

Archive · 18 novembre 2019, Mis à jour le 03 février 2021

En 2020, WhatsApp, la messagerie qui appartient à Facebook depuis 2014, verra débarquer de la publicité par le biais des statuts. C’est l’occasion de se pencher sur les autres options qui s’offrent aux utilisateurs. Car, comme le relève David Raedler, avocat spécialiste de la protection des données, «chacun partage énormément d’informations, parfois sensibles, par le biais de ces applications de sorte qu’il est impératif d’en connaître les détails de confidentialité et d’utilisation des données, y compris en cas de transmission à des tiers».

Protocole de comparaison

La FRC a comparé six applications. Ne pouvant être exhaustive, elle a laissé de côté notamment Wire, Viber et WeChat. Les critères retenus dans l’évaluation portent sur le côté pratique de l’utilisation, notamment les fonctionnalités par rapport à WhatsApp, ainsi que différents aspects liés à la protection et à la sécurité des données. Les conditions générales et les informations facilement disponibles pour un utilisateur lambda ont été prises en compte. En dernier lieu, la FRC a vérifié si un protocole de chiffrement était utilisé et s’il était open source, deux critères positifs.

Outre ces applications, une nouvelle technologie, RCS, pour Rich Communication Services, sera normalement aussi disponible à la fin de l’année. Elle a pour ambition de concurrencer les messageries avec comme atout phare de ne pas avoir à installer d’application puisqu’elle serait directement présente sur les smartphones (comme les SMS par exemple mais avec les fonctionnalités étendues des applications de messagerie). En revanche, comme les messages ne seront pas chiffrés, des questions de protection des données se poseront et les opérateurs auront fort à faire pour obtenir la confiance des clients.

Protéger sa sphère privée

Renoncer à WhatsApp est compliqué tant cette solution s’est rendue indispensable et utilisée partout. Les applications plus respectueuses de la vie privée souffrent pour le moment d’un manque d’utilisateurs, ce qui impose souvent de jongler avec plusieurs d’entre elles. Cela étant, la FRC recommande à chacun d’en installer quelques-unes car plus le nombre d’usagers grandira, plus ces solutions deviendront une parade évidente aux messageries peu respectueuses de nos données personnelles.

Comparaison des messageries

LES PLUS

  • Très grand nombre d’utilisateurs
  • Chiffrement de bout en bout pour les discussions (profil, statuts et appels exclus). Bémol: sauvegarde par défaut et non chiffrée du contenu des messages (texte, fichiers, photos) sur un serveur tiers (Google ou Apple)

LES MOINS

  • Large collecte, analyse et utilisation des métadonnées à des fins de profilage ou de publicité dans le groupe Facebook
  • Transmission des données à des tiers
  • Insertion prochaine de publicités dans les statuts
  • Grosse faille de sécurité en juin 2019 (réparée depuis)

 LES PLUS

  • Messages éphémères
  • Forte personnalisation des photos et vidéos

LES MOINS

  • Large collecte, analyse et utilisation des données à des fins de profilage ou de publicité
  • Communication des données à des tiers
  • Modèle basé sur la publicité s Pas de chiffrement de bout en bout
  • Pas d’envoi de fichiers

LES PLUS

  • Ergonomie et fonctionnalités proches de WhatsApp
  • Complètement anonyme (communiquer un numéro de téléphone ou un nom est facultatif: accès au répertoire de contacts non obligatoire)
  • Choix de transmettre ou non sa photo de profil
  • Très bonne protection et sécurité des données: aucune métadonnée n’est collectée; chiffrement de bout en bout (également pour les appels) et protection renforcée de la connexion internet; données utilisées uniquement pour assurer le fonctionnement de l’application
  • Sauvegarde de conversations sur des serveurs externes facultative et chiffrée
  • Possibilité de protéger et cacher des discussions
  • Aucune publicité
  • Application payante (3 fr.), risque atténué d’utiliser les données comme source de financement
  • Sondages possibles (qui veut aller manger au restaurant à midi, p. ex.)
  • Serveurs en Suisse

LES MOINS

  • Nombre restreint d’utilisateurs en Suisse
  • Pas d’appels vidéo (NDLR: on nous signale en janvier 2021 que c’est désormais possible)
  • Code uniquement partiellement en open source

LES PLUS

  • Ergonomie et fonctionnalités proches de WhatsApp
  • Messages éphémères
  • Chiffrement de bout en bout, aussi pour les appels
  • Code open source
  • Données non collectées ni utilisées à des fins commerciales
  • Financement par les dons (y compris par ceux d’Amazon Smile)
  • Pas de publicité

LES MOINS

  • Nombre restreint d’utilisateurs en Suisse
  • Conditions générales trop rudimentaires et vagues, notamment sur la collecte et l’utilisation des métadonnées
  • Dépendance aux serveurs d’Amazon
  • Pas de sauvegarde des messages possible (uniquement en local sur le téléphone)

LES PLUS

  • Très nombreux utilisateurs
  • Directement accessible depuis Facebook
  • Possibilité de chiffrer ses conversations par le protocole Signal, toutefois cette option n’existe pas par défaut

LES MOINS

  • Large collecte, analyse et utilisation des données à des fins de profilage ou de publicité
  • Scannage des messages non cryptés (par défaut) automatique et par mots clés
  • Modèle basé sur la publicité qui apparaît dans les conversations

LES PLUS

  • Ergonomie et fonctionnalités proches de WhatsApp
  • Messages éphémères l Choix du chiffrement de bout en bout ou non (dans ce deuxième cas, sauvegarde possible de la conversation sur un serveur tiers), mais pas par défaut
  • Pas de publicité
  • Serveurs aux Pays-Bas (donc meilleure garantie de protection des données qu’en Suisse car la législation y est plus forte)
  • Accessible sur plusieurs supports (tablette, ordinateur, téléphone)

LES MOINS

  • Nombre restreint d’utilisateurs en Suisse (mais plus important que Signal ou Threema)
  • Difficile de prime abord de comprendre qu’il y a des échanges chiffrés et d’autres non et comment les choisir
  • Données transmises au reste du groupe Telegram, dont les entités sont basées à Dubaï et aux îles Vierges britanniques
  • Flou existant quant à la société derrière Telegram
  • Ne mentionne pas si les métadonnées sont collectées et utilisées ou non, mais cela semble vraisemblable
  • Code pas entièrement en open source
  • Modèle d’affaires peu clair, par les dons des fondateurs et par une récente levée de fonds
  • Pas d’appels vidéo

Dès le 8 février, WhatsApp partagera encore plus de données avec Facebook. Toutefois, selon Le Temps, qui cite un porte-parole de l’entreprise, cette modification des conditions générales ne concernera pas la Suisse. Sa situation au cœur de l’Union européenne, qui bénéfice d’un droit à la protection des données fort (RGPD), bénéficie donc à notre pays indirectement. Cependant, c’est l’occasion de rappeler que des messageries sécurisées et plus respectueuses de la vie privée sont disponibles et tout aussi pratiques que WhatsApp (lire Les alternatives à WhatsApp, novembre 2019 sur frc.ch). En dehors des fameux Signal et Telegram, l’application suisse Threema apporte de bonnes garanties quant à sa politique de confidentialité et à son modèle d’affaires puisqu’elle coûte 3 francs. RE/MS

Pratique: définitions pour mieux comprendre

CHIFFREMENT DE BOUT EN BOUT | En clair, l’application elle-même ne peut pas lire les messages qui sont transmis. Cela signifie aussi que même si une personne intercepte des données, elle ne pourra pas les lire. Le chiffrement de bout en bout s’applique ainsi au contenu des messages, mais non aux métadonnées.

MÉTADONNÉES | Il s’agit des données basées sur l’utilisation de la messagerie, paramètres, réglages, à qui on a écrit et quand, la position en fonction des balises des opérateurs ou du wifi public, l’adresse IP, photo de profil, statut, etc.

CODE OPEN SOURCE | Littéralement, un code source ouvert qui permet, parce qu’il est disponible publiquement de vérifier, par exemple, si le chiffrement est bien exempt de défaut ou d’éléments cachés.

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