28.9.2023, Noémi Massard
Les tours d’habitation en bois poussent dans toute la Suisse: 36 mètres en 2018, 60 mètres en 2021, 80 mètres en 2024, 100 mètres en 2026 (à Winterthour, ce sera la plus haute du monde). La Suisse romande n’est pas en reste avec de nombreux projets de bâtiments communaux, administratifs et éducatifs en cours. Les communes et cantons sont en tête des constructeurs de bâtiments tout bois, loués pour leur esthétisme et leur exemplarité en matière écologique.
À l’origine de cet engouement, un changement de loi en 2015 permettant de dépasser les 30 mètres de hauteur et des progrès technologiques dans les matériaux et méthodes de construction. Architectes et ingénieurs ne tarissent pas d’éloges sur le bois et ses nombreuses qualités: durable, renouvelable, solide, sain, léger, capteur de CO2, construction plus rapide, plus sûr que le béton, chantiers moins sales et moins dangereux. Et contrairement aux idées reçues, le bois résiste mieux que le béton ou l’acier aux intempéries, aux insectes, aux champignons et même aux incendies, ce qui le rend plus facile à entretenir. Les filières professionnelles autour du bois, des bûcherons aux ingénieurs en passant par les transporteurs, menuisiers et charpentiers, reviennent sur le devant de la formation et de la valorisation professionnelles.
Aujourd’hui en Suisse, 12 à 15% des bâtiments sont en bois, une proportion qui va rapidement augmenter. En effet, aussi bien la politique de la ressource bois de la Confédération que le nouveau label Bois Suisse pour valoriser la production locale ou la politique de préservation des forêts ont pour but de mettre en avant l’or vert suisse: nos forêts. Chaque année, seuls 5,7 des 8,5 millions de m3 de bois disponibles dans les forêts en Suisse sont récoltés, de quoi continuer à voir loin et haut.
La forêt suisse couvre 32% du territoire national, chiffre qui augmente chaque jour de l’équivalent de quinze terrains de foot. Elle produit annuellement plus de 1 m3 de bois par habitant; le potentiel bois est bien présent et permet de décarboner des secteurs très polluants de l’économie. L’exploitation de la ressource ne doit cependant pas mettre en péril les autres fonctions de la forêt, comme son rôle dans la biodiversité, la protection contre les dangers naturels, les filtrations de l’eau, etc. Et si la forêt suisse était notre plus grand trésor?