Santé

«Notre société mérite une nourriture de qualité»

Interview de Vincent Perreten, responsable de l’unité de recherche de l’épidémiologie moléculaire et infectiologie à l’Institut de bactériologie vétérinaire, à Berne.
Alimentation Sécurité alimentaire

Archive · 08 octobre 2013

L’Institut de bactériologie bétérinaire de l’Université de Berne abrite le centre national de référence des zoonoses et résistance aux antibiotiques (ZOBA). Créé en 2006, il est mandaté par l’Office vétérinaire fédéral (OVF) pour effectuer une surveillance des résistances chez le porc, le veau et la volaille. Ce monitoring est publié chaque année par L’OVF, Swissmedic et l’Institut de bactériologie vétérinaire (ARCH-VET) Le groupe de Vincent Perreten travaille principalement sur les mécanismes génétiques des résistances et leurs routes de transmission entre l’animal et l’homme.

Les hôpitaux recensent toujours plus de cas d’infections aux bactéries résistantes aux antibiotiques. L’alimentation est-elle responsable?
C’est justement ce que l’on aimerait savoir, car le lien n’a pas encore été prouvé. Mais nous pensons que l’alimentation joue effectivement un rôle. Notre monitoring des BLSE (Bêta-lactamase à spectre étendu, un type de bactérie résistante, ndlr) sur les poulets, porcs et veaux nous montre une augmentation de la contamination. Comme cela ne fait que trois ans que nous effectuons ces tests, c’est encore un peu tôt pour tirer des conclusions.

Cette augmentation vous inquiète-t-elle?
Oui. Comme j’estime que notre société mérite une nourriture de qualité, je trouve préoccupant de voir que les bactéries résistantes aux antibiotiques sont présentes dans la chaîne alimentaire. Mais c’est la présence de souches résistantes à la majorité des antibiotiques qui m’inquiète encore plus. On recense ainsi chez les animaux de compagnie, comme les chiens et les chats, des staphylocoques et des entérobactéries résistants à tous les antibiotiques utilisés en médecine vétérinaire. On se voit donc contraint de les soigner à l’aide d’antibiotiques de réserve qui ne leur sont normalement pas destinés. Et on sait que ces bactéries sont transmises à l’homme…

Depuis quand s’intéresse-t-on au problème des bactéries résistantes dans l’alimentation?
Il est loin d’être nouveau. En 1997 déjà, nous avions publié un article dans la revue Nature à ce sujet… En 1999, la Confédération avait débloqué 12 millions pour un projet sur la problématique de la résistance aux antibiotiques (le programme NRP49 www.nrp49.ch). Cela avait conduit à des découvertes intéressantes, mais certaines sont malheureusement restées sans suite. Il a fallu que les Pays-Bas et les médias ressortent l’affaire pour que tout redémarre et que le dossier atterrisse sur le bureau du conseiller fédéral Alain Berset.

Quelles sont les viandes touchées?
Jusqu’à présent, la littérature scientifique parle surtout de la volaille, puis du porc et du veau. Nos recherches montrent qu’une partie de la contamination de la viande de volaille s’effectue à l’abattoir, très probablement lorsque les intestins – qui contiennent ces bactéries – sont retirés. Chez les grands animaux, ce problème est bien moindre.

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