Multimédia

Applications: guide à l’usage des parents dépassés

A l’ère du numérique, les jeunes ont souvent un train d’avance. Le dialogue avec son enfant se révèle indispensable.
Maison et loisirs

Archive · 08 septembre 2020

Photo: Chris Blaser

Ah, les jeunes et leur smartphone! Entre les modes et les codes qui changent rapidement à cette période de la vie, pas facile pour les parents de suivre ce qui occupe leur progéniture plusieurs heures par jour. D’autant plus que la plupart des outils technologiques sont conçus pour entretenir les addictions: tout est fait pour que l’utilisateur y passe le plus de temps possible. A l’instar de Facebook, réseau social le plus suivi du monde, pourtant boycotté par les jeunes. Normal: leurs parents s’y trouvent. Les iGen, soit la génération née entre 1995 et 2012, privilégient d’autres canaux d’échange (lire fiches).

A quoi faut-il être attentif sur ces plates-formes? Première chose, la limite d’âge. Les réseaux sociaux exigent que les utilisateurs aient au moins 13 ans révolus pour s’y inscrire. Pourtant, beaucoup grillent les étapes, avec ou sans le consentement des parents. Selon Data Gouv, site de diffusion de données publiques de l’Etat français, 55% des 10-11 ans sont déjà enregistrés sur un réseau social.

Futés et affûtés

Qu’y font-ils? Selon l’association Génération Numérique, qui a mené un grand sondage en début d’année, l’intérêt principal qui motive les jeunes à s’inscrire sur un réseau social est de discuter avec les amis (73% des personnes interrogées). Suit celui de regarder des vidéos (53%). Selon le même rapport, près d’un cinquième a déjà rencontré un problème sur internet, dont près de la moitié avec une personne inconnue. Une raison de plus de s’intéresser de près à ce petit monde.

Autre détail d’importance: le contrôle parental peut être contourné par les enfants. L’exemple de Temps d’Ecran, programme sur iPhone et iPad qui permet de suivre la consommation de sa progéniture en limitant l’accès à certaines applications ou à l’appareil en général, est représentatif. Quelques jours après son apparition, les jeunes échangeaient déjà sur les réseaux des moyens de le pirater. Désormais, la nouvelle génération a souvent une longueur technologique d’avance, d’où l’importance d’instaurer le dialogue au sein de la famille.

5 applications

Application de photos appartenant à Facebook, Instagram est le réseau social le plus prisé des adolescents: 9 sur 10 l’utilisent. Il séduit principalement par ses stories (petites séquences de photos ou vidéos disponibles durant un temps limité) ainsi que par ses messages personnels. Royaume de la mise en scène, Instagram a donné lieu à un adjectif, «instagrammable», qui qualifie toute nourriture, lieu, personne ou objet «stylé» et par conséquent digne d’être montré. Mais entre les marques qui ont saisi le bon filon et les influenceurs qui étalent une vie rêvée, Instagram peut être un miroir aux alouettes où les plus jeunes ne distinguent pas le vrai du faux.

Voilà un espace très prisé des moins de 15 ans. Il est dédié aux vidéos courtes, mises en scène de manière rythmée et en musique. Plutôt limitée à sa sortie, l’application chinoise a réussi à reprendre ce qui fonctionne le mieux chez ses concurrents pour évoluer, au point qu’elle compte aujourd’hui un milliard d’utilisateurs dans le monde. TikTok a ses propres codes et ses stars, très suivies. Les jeunes les imitent dans le but de faire le buzz et de devenir connus à leur tour. L’application est accusée de récolter illégalement les données de ses utilisateurs et se trouve dans le radar de plusieurs gouvernements et associations.

Cette application française rassemblerait plus de 30 millions d’inscrits dans le monde selon ses fondateurs. Elle permet de discuter en groupe, en privé, en se filmant. Décrite comme une app de rencontre et de drague pour les adolescents, Yubo a subi plusieurs critiques concernant le cyber-harcèlement ainsi que les photos de nus qui y circulent. Les dirigeants annoncent avoir pris des mesures pour assurer un environnement sain garantissant la sécurité de ses utilisateurs. Les contrôles passent notamment par un scannage complet et permanent des données de ses utilisateurs (âge, photos, contenu des discussions en temps réel, etc.).

Ce programme – en anglais – a connu un développement spectaculaire dans les pays anglo-saxons durant le confinement. Il promet de l’aventure près de chez soi. Le but? Penser à ce que l’on souhaite, par exemple «trouver du rose», lancer l’application, qui désignera un lieu aléatoire autour de soi, et s’y rendre. Selon le mythe qui circule autour de RandoNautica, la destination répondra à l’intention posée. De nombreux retours d’expérience sur les réseaux sociaux lui donnent un côté quasi mystique ou paranormal et ont participé à sa popularité. Même si les adolescents sont friands de ce genre d’aventure, l’application est réservée aux plus de 18 ans.

Encore très populaire auprès des adolescents, cette messagerie éphémère permet d’échanger avec ses amis et de consulter leurs stories. Un snap ne peut être consulté qu’un nombre limité de fois, durant un temps déterminé, avant de disparaître. Mais ce qui a surtout fait le succès de l’application, ce sont les filtres en réalité augmentée qui permettent de modifier une vidéo. Une fonctionnalité depuis largement reprise par ses concurrents. Le fait que le contenu disparaisse après 24 heures peut donner une fausse impression de sécurité aux jeunes, car les contenus se sauvegardent en faisant une simple copie d’écran.

Avis d’expert

Aline Isoz
Spécialiste en transformation numérique et membre de la Commission digitalisation FRC, cette maman de deux ados de 15 ans nous répond.

Comment gérez-vous l’utilisation du téléphone en famille?

Nous avons établi des règles qui évoluent au fil des années. Actuellement, mes filles ont droit à une heure et demie de téléphone par jour, musique et numéros d’urgence exceptés, et l’appareil est inaccessible de 20 h à 11 h le lendemain. Le tout est contrôlé par une plate-forme qui nous permet, à leur père et à moi, de consulter un rapport hebdomadaire pour savoir sur quoi elles passent du temps.

Comprennent-elles ce système?

Elles sont un peu des ovnis dans leur entourage. Beaucoup de parents n’ont rien mis en place, par manque de connaissance ou de temps. Cela donne lieu à d’intenses discussions entre nous.

Tentent-elles de négocier?

Elles connaissent les règles et savent que leur temps d’écran dépend d’elles, de leur niveau de maturité avec leur téléphone. A chaque fois qu’elles veulent télécharger une nouvelle application, nous en discutons. Nous parlons de son fonctionnement, de son modèle d’affaires, mais aussi des problèmes qu’elles peuvent y rencontrer, du risque d’instrumentalisation et de ce qu’il ne faut pas y faire. J’explique aussi qu’en tant que parent, j’ai une responsabilité légale sur ce qu’elles font, écrivent ou disent. J’ai aussi un devoir d’exemplarité, car les jeunes regardent comment leurs aînés se comportent. Or ces derniers ne gèrent pas toujours très bien leur propre consommation numérique.

Certains jeunes arrivent à contourner les contrôles parentaux…

Tout système a une faille, j’en suis consciente et mes filles aussi. Nous en avons parlé car les jeunes s’échangent des astuces. Mais c’est aussi une question de confiance. Si elles piratent ou contournent le programme, je finirai par le savoir.

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