Eclairage

Ampoules économiques: moins reluisantes qu’elles paraissent

Elles consomment peu, mais leur durée de vie et leur qualité déçoivent, comme le révèle notre test. En cause, une logique économique qui ne protège ni le consommateur ni l’environnement.
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09 octobre 2012

«Les industriels ont commencé à vendre les fluocompactes avant de les avoir complètement mises au point.» Georges Zissis (Photo: iolo72/shutterstock.com)

En supprimant du marché les ampoules à incandescence le 1er septembre, la Suisse et l’Union européenne se sont attaquées à un poste important des dépenses énergétiques. Selon Energie-environnement, l’éclairage composerait 17% de la consommation en électricité des ménages. Et c’est avéré: les produits de classe A utilisent 80% de courant en moins que les défuntes ampoules à incandescence. Elles vivraient également de cinq (fluocompactes) à vingt-cinq fois (LED) plus longtemps.

Dans la réalité, les désillusions concernant leur durée de vie sont nombreuses. La FRC reçoit fréquemment des plaintes de consommateurs mécontents. Quant à notre test, il est sans appel: sur les 27 modèles économiques, 10 ne tiennent pas du tout les durées de vie qu’elles affichent sur l’emballage. Et ces piètres prestations ne sont pas celles de sous-marques obscures, mais de noms connus, comme Philips, Megaman, Ikea, Osram et GP.

Une technologie immature

Interpellés sur ce point, les représentants de ces firmes restent muets, à l’exception d’Ikea et de Megaman. Le géant suédois promet de retirer de son assortiment le modèle le plus mal noté et de se pencher sur le cas des autres, «dans un souci d’offrir à sa clientèle des produits d’une qualité irréprochable». Quant aux représentants de Megaman, ils regrettent que nous ayons testé des modèles importés de France, «soumis à des normes de qualité moins strictes que ceux provenant d’Allemagne ou d’Autriche»… Pour mériter le qualificatif d’économique, une ampoule doit consommer peu et durer. Ces modèles de piètre qualité ne répondent définitivement pas à ces deux critères.

La fin programmée de l’incandescence aura généré une explosion de l’offre. Il suffit de se retrouver dans le rayon spécialisé d’un brico-loisirs pour s’en apercevoir. Fluocompactes, halogènes éco, LED: les technologies se multiplient, mais la qualité ne suit pas.

Interdire la vente de produits douteux

Pour Georges Zissis, professeur en technologie des sources de lumière à l’Université de Toulouse, ce problème a une explication d’ordre économique. «L’incandescence présentait des avantages, mais il fallait en finir avec cette technologie énergivore. Les industriels ont malheureusement commencé à vendre les fluocompactes trop tôt.  Ils les ont ensuite délaissées pour investir massivement dans les LED. Mais la qualité de nombreuses ampoules laisse à désirer. Au fond, ce sont des logiques commerciales qui entrent en jeu. Cependant, le marché devrait se réguler.»  Les produits actuels sont plus complexes à fabriquer, leurs composants pèsent plus sur l’environnement (mercure, terres rares). Dès lors, en valent-ils la peine? «Malgré  une fabrication coûteuse en énergie et en ressources, les modèles économiques restent globalement intéressants.»

Spécialiste des semi-conducteurs et en particulier des LED, le professeur Nicolas Grandjean, de l’EPFL, ajoute: «Certaines LED vendues au grand public ont en tout cas dix ans de retard sur ce qui est actuellement réalisé en laboratoire. Cette technologie coûte très cher et la qualité a un prix.» A cela s’ajoutent des lacunes législatives, permettant la mise sur le marché de produits de qualité douteuse. «Ce qui manque, c’est une législation forte qui interdirait la vente de certains produits. Il faudrait aussi instaurer un système de garantie où le commerçant proposerait un échange standard  en cas de dysfonctionnement prématuré, et ce pendant au moins cinq ans.» L’avenir nous réservera-t-il cette possibilité? En attendant, le meilleur moyen de faire pression sur les fabricants est de conserver le ticket d’achat, de noter la date d’installation de l’ampoule sur son culot et de rapporter le tout pour remboursement en cas de promesse non tenue, en respectant le délai légale de garantie de deux ans.

Retrouvez le résultat du test pour 27 ampoules

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