Fukushima

"Il n'y a pas de produits contaminés dans les supermarchés nippons"

Yoko Kishi travaille pour l'Agence nationale de la Consommation au Japon. Elle demande aux journalistes européens de traiter la catastrophe de "manière juste", sans dramatiser.
Alimentation Sécurité alimentaire

Archive · 20 avril 2011, Mis à jour le 03 février 2021

"Il n'y a pas de produits contaminés dans les supermarchés nippons"
Yoko Kishi travaille pour le compte de l'Agence nationale de la Consommation, à la direction de la sécurité des consommateurs. Elle est à Tokyo, à quelques 300 kilomètres au sud de Fukushima.

Suite à la catastrophe engendrée par le séisme du 11 mars dernier à Fukushima, nous avons contacté notre consœur japonaise pour lui demander les problèmes que rencontraient les consommateurs de son pays. "Nous avons reçu des mots réconfortants du monde entier", raconte-t-elle avant de laisser échapper un cri du cœur: "Ne faites pas comme ces journalistes européens qui déforment la réalité. Habitant Tokyo, je ne peux parler que de ma ville. Il est difficile pour moi de me prononcer pour les zones sinistrées."

Comment avez-vous vécu le tremblement de terre du 11 mars?
Il a aussi été très fort à Tokyo. Lorsque cela s'est produit, je me trouvais au 16e étage d'un gratte-ciel. Nous avons été violemment secoués. Comme les transports étaient hors service, j'ai marché jusqu'à chez moi. Beaucoup de pendulaires des banlieues ont dormi sur leur lieu de travail. Le lendemain, les transports publics étaient à nouveau partiellement opérationnels. Mais quand la compagnie d'électricité TEPCO (Tokyo Electric Power Company), a annoncé une "coupure volontaire d'électricité", certains Tokyoïtes se sont alarmés et ont pris d'assaut les supermarchés pour se constituer des réserves de papier de toilette, de mouchoirs, de riz, de pain, de nouilles, de lait, de yogourts et de natto (graines de soja fermentées). Après une semaine, ces denrées sont venues à manquer car elles sont en majorité produites dans la région de Tohoku (ndlr: située au nord-est du Japon, cette région comprend les préfectures d'Iwate, Miyagi et Fukushima, touchées par le tsunami).

Votre association a créé une permanence téléphonique gratuite pour les habitants des zones sinistrées. Quels sont les principaux problèmes que l'on vous soumet?
Nous recevons pas mal de questions sur le prix de l'essence, qui a augmenté de 30%. Les questions concernant le logement sont également importantes. Des gens ont ainsi annulé leur location d'appartements de vacances parce qu'ils ne sont plus alimentés ni en eau ni en électricité depuis le tsunami. Mais ils se sont vus tout de même facturer des frais d'annulation équivalents à trois mois de loyer. On a vu aussi apparaître des démarcheurs agressifs, qui débarquent sans crier gare dans les foyers pour annoncer que le toit est détruit et qu'il faut le réparer tout de suite. Sinon, beaucoup de gens se demandent s'ils peuvent consommer les fruits et légumes de leur potager.

Les aliments contaminés, justement, dans quelle mesure menacent-ils la population japonaise?
Après le manque, c'est effectivement la qualité des vivres qui a posé problème à Tokyo. Mais, malgré tout, les consommateurs tokyoïtes vivent un quotidien beaucoup plus calme que ce que les Européens se l'imaginent. Il faut savoir qu'il est tout simplement interdit de vendre de la nourriture contaminée; on ne peut donc pas en trouver dans les supermarchés. Le lait, quelques légumes de Fukushima et le poisson de Ibaraki sont sous surveillance. Malgré tout, une partie des consommateurs évite les produits en provenance de Fukushima. Les paysans de cette région souffrent de la rumeur selon laquelle "les légumes et le lait de Fukushima sont dangereux". Je pense que les consommateurs doivent choisir avec un regard critique. Je demande aux journalistes européens qu'ils traitent de la catastrophe de manière juste. Malheureusement, les reportages étrangers ne traduisent absolument pas la réalité. On a pu lire par exemple que des Japonais mettaient des masques pour se protéger de la radioactivité alors que c'est juste leur habitude de se prémunir contre les pollens au printemps.

Denrées sûres

Le Chimiste cantonal bâlois a cherché les résidus de l’accident nucléaire Fukushima dans 26 échantillons de thé, miso, sauce soja et algues importés du Japon. L’isotope de courte durée de vie césium 134 n’a été détecté dans aucun produit, des traces très inférieures aux limites légales de césium 137 ont été trouvées dans quatre cas et le strontium 90 dans huit échantillons. La valeur la plus élevée, mais toujours sous le seuil légal, a été mesurée dans un thé vert. Tous les tests effectués depuis 2011 ont montré des résultats similaires, preuve que les mesures prises pour les exportations sont suffisantes. La surveillance va se concentrer sur le thé. Seul bémol: les règles de confidentialité empêchent de connaître le nom des produits concernés. BP

 

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