Mercosur
Pas de libre échange à n'importe quel prix
Réunie en conférence de presse le 29 octobre, la coalition sur le Mercosur a fait part de ses revendications pour un accord de libre-échange acceptable. La FRC a exposé les préoccupations des consommateurs.
Archive · 29 octobre 2018, Mis à jour le 26 août 2019

Laurianne Altwegg
Responsable Agriculture, Énergie et Environnement
En participant à cette coalition qui réunit des organisations paysannes, de développement et de consommateurs, la FRC souhaite que les préoccupations de ces derniers soient prises en compte dans le cadre des négociations entre l’AELE (Suisse, Liechtenstein, Islande, Norvège) et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay). Elle estime en effet que les récents scandales concernant des produits issus des pays du Mercosur invitent à la prudence et imposent d’ériger les garde-fous nécessaires – particulièrement dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la traçabilité et de l’étiquetage – pour garantir une transparence totale. Les termes de l’accord doivent permettre de respecter leurs attentes en termes de durabilité et de bien-être animal et ne doivent pas mettre en danger l’agriculture suisse, afin de maintenir l’accès à des produits de proximité. Enfin, l’impact positif de l’accord sur les prix à la consommation doit être démontré.
Sécurité alimentaire, traçabilité et étiquetage
La Suisse importe déjà des denrées alimentaires des pays du Mercosur, notamment de la volaille (37% vient du Brésil) et du bœuf (15% de nos importations). Mais comme l’illustre le récent scandale de la viande brésilienne avariée, les contrôles ne sont pas aussi stricts qu’en Suisse. De plus, certaines pratiques parfaitement illégales chez nous, comme l’utilisation de bêta-agonistes (ractopamine) ou de stimulateurs de performance antimicrobiens (antibiotiques), ou encore le clonage d’animaux d’élevage pour améliorer les cheptels, sont monnaie courante dans les élevages intensifs. C’est pourquoi les termes de l’accord de libre-échange (ALE) avec le Mercosur doivent obligatoirement améliorer la traçabilité et la transparence des produits. Ceci grâce au renforcement des contrôles – permettant de garantir le respect des normes suisses de sécurité alimentaire – et à un étiquetage systématique fournissant toutes les informations pertinentes sur l’origine et les conditions de production de la viande fraîche et transformée.
Respect des attentes des consommateurs
Selon l'étude de la Haute école de Lucerne sur les attentes de la population suisse vis-à-vis de l'agriculture (2015) réalisée sur mandat de l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), 83% des Suisses souhaitent des aliments produits dans des conditions proches de la nature et 72% accordent une grande importance à des standards élevés en matière de bien-être animal. Les parcs d’engraissement de plusieurs milliers de bêtes nourries au soja OGM, de plus en plus nombreux dans les pays du Mercosur, ne correspondent donc en rien aux attentes des consommateurs suisses. Si de tels produits viennent concurrencer davantage la viande suisse produite dans le respect des normes, voire poussent les agriculteurs suisses à abandonner certaines bonnes pratiques (par exemple le renoncement aux fourrages OGM), le consommateur perdrait indéniablement en qualité. De plus, près de la moitié de la viande étant consommée au restaurant en Suisse, un étiquetage des produits emballés ne suffit pas. C’est pourquoi il est nécessaire que l’accord contribue à ce qu’aucun aliment non désiré n’atterrisse dans l’assiette des consommateurs.
Prix
La suppression d’entraves au commerce n’apporte pas toujours les bénéfices escomptés pour les consommateurs: soit les prix ne baissent pas – comme dans le cas du Cassis de Dijon – soit ce sont les distributeurs qui ne répercutent pas les baisses. La prévision d’economiesuisse selon laquelle les consommateurs suisses profiteront de prix bas grâce à l’accord avec le Mercosur est donc à mettre très sérieusement en doute. L’administration fédérale doit donc mener une analyse approfondie afin d’évaluer avec rigueur les gagnants et perdants d’un éventuel accord. Comme recommandé par la Commission de gestion du Conseil national, l’évaluation des effets de l’accord ne doit pas se limiter à une estimation du potentiel d’économie en droits de douane pour les exportateurs et pour l’agriculture suisses comme c’est généralement le cas. Elle doit inclure l’impact sur les consommateurs (protection, prix, qualité, etc.) et sur l’économie en général. Pour que l’ALE soit acceptable, l’impact positif doit être démontré.
Documentation
Ces arguments, ainsi que ceux des organisations partenaires de la coalition sur le Mercosur sont exposés dans le dossier d'informations ainsi que dans le communiqué de presse publiés à l'occasion de la conférence de presse du 29 octobre 2018.
Un nouveau communiqué de presse a été publié à l'occasion de l'annonce de la conclusion des négociations entre l'AELE et le Mercosur le 24 août 2019.
Une pétition publiée sur la plateforme change.org depuis mars 2019 permet également à toute personne intéressée de soutenir ces revendications.
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