Fédération romande des consommateurs – C’est la jungle! N°2 – juillet-août 2021

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L'unique association romande qui défend les consommateurs

C'est la Jungle - Numéro 2 - En-tête

Bienvenue dans cette seconde Ă©dition de la Lettre FRC!

Au sommaire: le test des sticks de poisson – accompagné d’une enquête sur leur provenance et les moyens de pêche – et celui des gels lubrifiants. Quelques pubs absurdes ou fallacieuses. Des plantes exotiques dangereuses. Et des clés pour s’y retrouver dans la mode éthique.

Vacances obligent, on explore le dédale des remboursements de vols et on rappelle l’arrivée d’une limite aux frais de roaming.

Pour pimenter le tout, un coup de gueule sur les données piratées (ou non) de LinkedIn, une mise en garde sur les ramifications de la fin de l’accord-cadre, l’arrivée de sandwichs dont on mange l’emballage, le match myrtilles – baies d’aronia. Et pour finir sur une note bien fraîche, un petit guide de la décongélation.

Bonne lecture!

Sandra Imsand, journaliste

Test exclusif - Les sticks de poissons

Ce qui se cache sous la panure des bâtonnets
par Anne Onidi, journaliste spécialisée Tests comparatifs

N°1: Coop Naturaplan, meilleur rapport qualité-prix; N°2: Coop Prix Garantie; Bas de classement: Mare Fino, Denner

C’est l’été; partons nous rafraîchir au rayon des surgelés! Dans notre caddie, seize paquets de bâtonnets de poisson. Ces produits ont-ils été pêchés de manière durable, en évitant la surpêche et en ménageant l’environnement marin? En scrutant les étiquettes, nous avons trouvé sur la majorité des emballages le nom détaillé de l'espèce, son origine et la méthode de capture. Munis de ces éléments, nous avons consulté le guide du poisson du WWF indiquant, pour chacune, les lieux et méthodes de pêche recommandables ou à éviter. Nous avons alors réalisé combien cette mission s’avérait difficile. Les indications que nous avions à disposition étaient simplement insuffisantes.

La durabilité compliquée à évaluer

Face à cette complexité, nous nous sommes rabattus sur les labels: Naturaplan, Migros Bio et Naturland, jugés très bons pour le poisson d’élevage, et MSC, une certification destinée à la pêche), considérée comme bonne. Mais le poisson le plus durable est celui qui reste dans la mer, explique Isabel Jimenez du WWF: «Nous conseillons avant tout de ne pas consommer de poisson à outrance, de le réserver comme mets d’exception.»

Seulement 52% de chair

Et lorsque l’on gratte la surface du bâtonnet, que reste-t-il vraiment? Sur l'emballage, toutes les marques affichent un taux de poisson de 65%. Dans les faits, la part varie de 52 à 67%. Les produits les moins garnis figurent parmi les moins chers de la sélection: il s’agit des variétés Almare Seafood et sans marque de chez Aldi, ainsi que l’Ocean Sea de Lidl et le M-Budget de Migros. Point faible de la composition des sticks: ceux à base de poisson recomposé et non de filet, repérables à l’aide des mentions «purée de colin d’Alaska» (sans marque d’Aldi), «mousse de poisson» (sans marque de Lidl) ou «chair de poisson» (Mare Fino).

Une transparence bienvenue

Depuis le mois de mai 2021, l’espèce, la méthode et le lieu de pêche doivent figurer sur l’emballage. On ne trouve rien de tout cela sur le produit Thiriet, vendu chez Manor. Heureusement, certains étiquetages vont au-delà des exigences légales. C’est le cas de Findus et Coop qui indiquent les types de chaluts utilisés: une précision fort utile qui fait toute la différence, puisque cette méthode n'est pas recommandée.

Côté nutritionnel, tous les produits testés obtiennent un Nutri-score B. Seul le Pelican classique de Migros affiche cette évaluation sur l’emballage. Une initiative à saluer!

Citation: «Nous avons gratifié d’un bonus les trois produits qui contiennet de l’huile de colza, préférable à celle de tournesol: Pelican classique, ainsi que Qualité & Prix et Prix Garantie»
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EnquĂŞte exclusive - Indication de la provenance du poisson

Informations fantaisistes au rayon poisson
par Sandra Imsand, journaliste responsable des enquĂŞtes

ll est frais mon poisson! Oui, mais il vient d’où et il a été pêché comment? Ce sont, en substance, les questions auxquelles une vingtaine d’enquêteurs FRC devaient trouver des réponses. Ces interrogations sont tout sauf anodines. Pour permettre un repeuplement des mers, il est important de renoncer à consommer des espèces issues de zones où elles sont victimes de surpêche. De même, certaines méthodes sont à proscrire, car elles favorisent les prises accessoires ou détruisent les fonds des océans. Pour choisir en connaissance de cause, le client doit obtenir toutes les informations utiles.

Pour les besoins de l’enquête, une trentaine de points de vente (magasins avec comptoir de poissons et poissonneries) ont été visités. Les clients mystères se sont concentrés sur les espèces les plus fréquemment utilisées dans la fabrication des bâtonnets de poisson: colin d’Alaska (ou lieu d’Alaska), lieu noir, pangasius ou cabillaud.

Depuis 2018, la mention de la provenance du poisson est obligatoire pour la vente en vrac, que ce soit au comptoir ou au restaurant. S’agissant de poisson d’élevage ou d’eau douce, le pays doit figurer par écrit. Dans le cas de la pêche, c’est un secteur qui doit être indiqué.

Du très bon et du catastrophique

Concernant l'origine de la denrée, bon point aux commerces: l’écrasante majorité des lieux visités fournit l’information de manière conforme à la loi, à savoir par écrit.

C’est au niveau de l’indication de la méthode de pêche, obligatoire au moins par oral dans la vente en vrac, que les résultats de l’enquête sont catastrophiques. Et pourtant, l’information est cruciale si l'on veut consommer le plus durable possible. Par exemple, pour éviter les poissons pêchés par chaluts, ces filets coniques qui épuisent les fonds marins et détruisent les écosystèmes fragiles.

RĂ©ponses loufoques

La loi prévoit que la méthode de pêche peut être donnée par oral. Or de nombreux employés du comptoir poissonnerie ne pouvaient pas renseigner les enquêteurs. Seule enseigne qui tire son épingle du jeu: Manor. Le personnel disposait d’un classeur dans lequel figurait l’information et pouvait donc répondre facilement et de manière correcte à l’acheteur. Chapeau!

Nos clients mystères ont également entendu quelques propos loufoques et fantaisistes. Des réponses qui démontrent une mauvaise connaissance de la législation mais aussi de la pêche tout court. Pourtant, le client privilégie comptoir justement pour pouvoir bénéficier des conseils d’un spécialiste.

39.70/kg

Le prix moyen du cabillaud relevé durant l’enquête. Cela en fait un poisson cher, à réserver pour certaines occasions.

Test exclusif - Les gels lubrifiants

Le prix du plaisir
par Lionel Cretegny, responsable Tests comparatifs

Devant le vaste choix disponible, on s’y perd un peu. Quelques conseils.

Un gel se justifie en cas d’utilisation d’un préservatif. D’une part, le latex n’est pas aussi doux que la peau et les frottements peuvent brûler les parois de la muqueuse. D’autre part, le gel ne va pas attaquer le préservatif, contrairement à un produit à base d’huile qui peut ruiner les efforts de contraception ou de protection.

Eau ou silicone?

Le gels à base d’eau est le plus courant en rayon. Il présente plusieurs avantages: il réhydrate les cellules de la muqueuse, soulage durablement la sécheresse et est compatible avec tous les sex-toys. En revanche, il s'évapore vite. Ceux à base de silicone n’hydratent pas, mais durent plus longtemps et procurent une sensation de glisse incomparable. Dans tous les cas, la composition doit être regardée de près.

Les gels 2 in 1 Massage et Play Feel de Durex ainsi que Silk sensation de Ceylor n’indiquent pas la liste des ingrédients sur leur emballage. Un mauvais point.

Traquer les substances indésirables

Le problème d'un gel à base d’eau est sa conservation. Il faudra donc traquer les conservateurs, comme le Phenoxyethanol ou les Parabens. Le Phenoxyethanol est jugé hématotoxique et hépatotoxique (toxique pour le sang et le foie). Il ne devrait pas être employé dans les cosmétiques destinés au siège, qu’ils se rincent ou non. Le Propylparaben est considéré comme perturbateur endocrinien. Il n’a rien à faire dans un gel lubrifiant. Or le K-Y, produit trouvé en pharmacie et régulièrement prescrit par les gynécologues, en contient.

Un produit très cher

Le silicone qui entre dans la composition d'un lubrifiant est est aussi problématique quand il se trouve sous une forme cyclique: le Cyclopentasiloxane. Cette molécule est un perturbateur endocrinien. De plus, elle peut être polluée par des traces de Cyclotetrasiloxane, toxique pour la reproduction. Les deux produits de notre test qui en contiennent se trouvent pénalisés.

Certains gels coûtent près de 350 fr. le litre. Il est incompréhensible de se retrouver avec des produits à ce prix. Même le K-Y, stérile, figure parmi les moins chers de notre test. Ainsi, avec sa composition simple et son prix correct, le M-Budget se glisse en tête de notre classement sans difficulté.

M-Budget - note: 10; K-Y - note: 2; Ceylor - note: 1
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Malika Pessard - Juriste Ă  FRC Conseil
FRC Conseil - Arnaqueurs pas anonymes

Playstation gratuite seulement en apparence
par Malika Pessard, juriste FRC Conseil

Une Playstation 5 (PS5) à 0 fr. à la souscription d’un abonnement de 24 mois chez Salt, quelle offre promotionnelle alléchante et généreuse! Pourtant, à y regarder de plus près, les apparences sont trompeuses: l’abonnement avec la console de jeux est majoré de 10 fr./mois par rapport à l’offre seule. En effet: l’offre PS5 à 0 fr. + abonnement Swiss revient à 69fr.90/mois, alors que l’abonnement Swiss seul coûte 59fr.90/mois. Une différence qui se retrouve aussi dans les abonnements plus chers de l’opérateur.

Cette majoration cachée et totale représente 240 fr. Il s’agit du prix que le consommateur paie en réalité pour une PS5 dite «gratuite». Le prix de la console est en dessous de celui du marché, certes, mais l'offre n’en demeure pas moins trompeuse et propre à induire en erreur les intéressés qui croient que la PS5 est offerte. Pas très transparent…

«Cette offre n’est pas très transparente, nous l’avons dénoncée au Seco! »

Interpellé par la FRC, Salt s’est contenté de répondre que le prix de l’abonnement majoré correspond à celui «avec téléphone» et non celui «SIM-only» et que la PS5 remplace «l’achat d’un nouveau téléphone mobile». Cette réponse confirme bien que l'appareil n’est pas gratuit, contrairement à ce qu’affirme l’opérateur dans sa publicité! Sur la question relative aux stocks disponibles – la PS5 est en rupture chez le fabricant –, Salt a affirmé les avoir sécurisés et a promis une livraison en juin.

Cette pratique commerciale a été dénoncée par la FRC au Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), qui confirme le caractère déloyal de l’offre et se réserve la possibilité de déposer une plainte pénale ou civile, s’il reçoit un certain nombre de signalements contre les pratiques de cette entreprise. Une telle procédure peut donner lieu à une amende.

1

Il n’est pas possible de se prévaloir de la gratuité de cette PS5.

2

Si vous n’avez pas reçu la PS5 promise en juin, fixez par écrit un ultime délai à Salt.

3

Si la PS5 ne vous est toujours pas livrée suite à ce courrier, informez-en la FRC!

RĂ©daction - Bienvenue Ă  Absurdopolis

Les olives hispaniques de Suisse

On connaissait les effets du dérèglement climatique sur les cultures, mais on n’avait jamais encore entendu parler de cultures d’oliviers à grande échelle en Suisse! Et pourtant, c’est ce qu’a repéré un de nos membres dans le catalogue des promotions de Manor en juin. Des olives noires dénoyautées en action, promues avec une provenance de Suisse, alors qu’elles arborent de manière voyante un drapeau espagnol sur l’emballage. Une erreur qui nous aura fait sourire, surtout au moment où la FRC s’engage sur la saisonnalité des fruits et légumes.

Olives espagnoles vendues comme suisses
Argent - Y a des claques qui se perdent

Une publicité qui joue avec les prix
par Sandra Imsand, journaliste

Les adeptes de football n’auront pas pu passer à côté des publicités de Galaxus diffusées en boucle durant la période de la Coupe d’Europe. Au total, 20 spots déclinés en fonction de l’actualité sportive du moment, mettant en scène l’ancien sélectionneur de l’équipe de Suisse Gilbert Gress, le joueur retraité Stéphane Chapuisat, l’internationale Meriame Terchoun et le journaliste Laurent Bastardoz sur un faux plateau d’experts.

Chacun se sera forgé son opinion sur ces publicités, drôles, décalées ou carrément embarrassantes. Mais à la FRC, l’une d’elles nous a fait voir rouge. Il s’agit en l’occurrence de celle où Meriame Terchoun porte le maillot de l’équipe de Suisse dont le prix en surimpression est de 55 fr. Or sur le site de Galaxus, la chasuble s'affiche à un tarif de 66 fr. Interpellée, la société déclare que leurs «prix varient constamment, en fonction de l'offre et de la demande principalement, mais aussi des fournisseurs».

Une bien faible défense, qui leur a valu un carton rouge sous la forme d’une dénonciation au Seco pour fausse indication de prix.

Publicité Galaxus
Sophie Michaud Gigon - Secrétaire générale de la FRC
Humeur - Dans le viseur de SMG

Suisse-UE: on est mal barrés!
par Sophie Michaud Gigon, Secrétaire générale de la FRC

Dans l’imaginaire collectif, les consommateurs suisses sont mieux lotis que ceux des pays voisins. Et pourtant, c’est faux! Dans mes discussions avec des collègues parlementaires aussi, je constate qu’ils sont souvent surpris quand je leur dis qu’il n’existe pas de droit de rétractation en cas d’achat en ligne, pour ne citer qu’un exemple. Mais je pourrais encore ajouter qu'en Suisse, les risques sont transférés sur l’acheteur, action collective est inexistante, protection des données moindre, exclusion du droit de garantie par le vendeur est possible: oui, il y a du pain sur la planche pour la Suisse!

Au moment où l’abandon de l’accord-cadre avec l’Union européenne a été annoncé, nous nous sommes, à la FRC, doublement inquiétés des conséquences.

Des conséquences tangibles se font d’ailleurs déjà sentir pour le monde scientifique, otage régulier des tribulations avec l’Union européenne.

Citation: «Ce n’est qu’un début. A moyenne échéance, ce sont les consommateurs qui seront touchés et pas uniquement dans leur porte-monnaie: l’accessibilité à des biens et services est également en jeu.»

Le danger le plus immédiat est celui des dispositifs médicaux. L’accord de reconnaissance mutuelle, qui permet d’autoriser sur le marché des dispositifs homologués dans n’importe quel autre pays européen, ne sera pas renouvelé à la fin de l'année. Pour les dispositifs classés «à risque», le délai court jusqu’en juillet 2022. Au-delà, des pénuries pourraient se faire sentir, en particulier pour du matériel très spécialisé et fabriqué à petite échelle.

Les accords mutuels de reconnaissance ont non seulement pour avantage d’ouvrir facilement le marché suisse aux biens et services circulant déjà en Europe, mais en outre ils offrent généralement de bonne garantie de sécurité.

Citation: «Qu’adviendra-t-il de notre sécurité alimentaire et de notre participation à différents groupes ou bases de données dans lesquels l’information circule pour permettre un retrait rapide des aliments frauduleux, voire impropres à la consommation?»

On ne peut exclure que ce genre de perte se multiplie dans les mois qui viennent.

L’abandon de l’accord-cadre augure d’une longue période d’incertitude en Suisse. La FRC observera les évolutions dans les différentes branches économiques et attend du Conseil fédéral qu’il prenne notre destin en main afin de ne pas devoir pâtir de cette distanciation avec nos voisins.

Laurianne Altwegg - Responsable Énergie
Conso durable - Chaud devant!

Plantes exotiques invasives: la plaie du jardin
par Laurianne Altwegg, responsable Agriculture et environnement

Il vaut toujours la peine de s’intéresser à ce qui pousse dans votre jardin ou vos bacs de terrasse. Car s’il s’agit d’une néophyte envahissante – c’est-à-dire une plante non indigène qui se répand massivement – celle-ci menace la biodiversité locale.

Sur mandat de l'Office fédéral de l’environnement (OFEV), Info Flora répertorie sur une «liste noire» les 42 espèces qui portent atteinte à la biodiversité, à la santé ou à l'économie et dont il faut empêcher la propagation. La watch list regroupe pour sa part les 16 plantes qui peuvent causer des dommages et dont la propagation doit être surveillée.

Par ailleurs, certains cantons ont adopté des plans de lutte contre des plantes envahissantes.

Il n’est pas toujours facile pour le jardinier amateur de savoir quoi faire. Nos conseils pour participer à cette utile campagne d’observation et de lutte contre ces néophytes envahissantes:

1

Identifier les plantes de son entourage (jardin, bacs sur le balcon, etc.): des applications sur smartphone comme Pl@ntNet permettent de le faire très facilement à partir d’une simple photo (même si la détermination n’est pas sûre à 100%). Pour les plus expérimentés, les flores électroniques permettent d’avoir des recueils entiers sur son téléphone (p.ex. Flora Helvetica).

2

Comparer l’espèce avec les listes de plantes invasives d’Info Flora sur son site internet ou via l’application InvasivApp.

3

Annoncer ses observations sur le site d’Info Flora ou directement via l’application pour permettre aux experts de suivre l’avancée des néophytes invasives sur le territoire et d’adapter leurs listes.

4

Consulter les fiches d’Info Flora sur les mesures à prendre contre les espèces de la liste noire ou de la watch list. Prudence, car certaines sont dangereuses pour l’humain (p. ex. la Berce du Caucase, dont la sève provoque des brûlures cutanées sévères). Mieux vaut donc lire les précautions d’usage avant de commencer l’arrachage.

5

Eliminer les végétaux concernés selon les indications données sur les fiches: là aussi, des précautions sont indispensables pour éviter que l’espèce ne se répande davantage.

6

Recommencer autant de fois que nécessaire.

Mode éthique: quatre clés pour faire la différence

La situation des travailleuses du secteur textile s’est péjorée depuis 2020 en raison de la pandémie. Comment faire quand on veut bien faire?

1. Ce qui se cache sous des prix (trop) bas

La fast fashion n’est pas un mythe: le modèle d’affaires de marques qui proposent jusqu’à 20 collections par an repose sur des vêtements ultra bon marché qui ne tiennent que quelques lavages. Jouant sur l’impression de rareté pour pousser à la surconsommation, ces produits sont obtenus sur le dos de l’environnement et des ouvrières du textile. Prendre un peu de recul et résister aux appels du pied – influenceurs des réseaux sociaux et soldes compris – est essentiel.

2. Les matières ne se valent pas toutes

Les matières naturelles économes en ressources comme la laine, le lin ou le chanvre sont les moins problématiques. Le coton est très gourmand en eau, engrais et pesticides, donc source de pollution, perte de biodiversité, érosion des sols et intoxication des travailleurs et riverains.

Viscose et bambou ont longtemps été présentés comme des alternatives écologiques au coton, car issus de fibres naturelles. Cependant, la transformation de la cellulose en fibre textile génère du disulfure de carbone (CS2), un solvant hautement toxique qui peut gravement affecter les ouvriers.

Plus problématiques encore, les matières synthétiques obtenues à partir de ressources fossiles sont aujourd’hui les plus répandues. Polyester en tête, elles représentent près de 70% des textiles du fait de leur coût très bas. Outre l’impact environnemental catastrophique de leur production, elles participent aussi largement à la pollution des eaux, puisque chaque lavage libère des microparticules de plastique.

3. De belles promesses qui occultent la réalité

Les enseignes de la mode ne reculent devant rien pour pousser à l’achat. Notamment à grands coups d’allégations mettant en valeur leurs prétendus engagements durables. Que ceux-ci soient fondés ou non ne change rien au fond: si l’objectif est de vous faire acheter plus de vêtements que ce dont vous avez besoin, la démarche n’est pas responsable. Lorsque des marques annoncent renoncer aux cintres ou sacs en plastique gratuits, il importe de se rappeler que leurs collections sont confectionnées à partir de dizaines de millions de tonnes de plastique, donc de pétrole. L’arbre cache souvent la forêt, il faut juste en être conscient.

4. Choyer sa garde-robe

Aérer au lieu de laver, sécher à l’air libre, faire appel à une couturière pour adapter ou raccommoder ses habits… Bref, faire durer sa garde-robe est encore le meilleur moyen de se distancier de cette industrie peu regardante. D’autant que si les 44% de l’empreinte environnementale d’un vêtement sont liés à sa production, les 38% émanent de son utilisation. Le bon choix doit donc s’assortir d’un bon entretien.

DĂ©couvrez les 4 autres conseils
Barbara Pfenniger - Responsable Alimentation
Alimentation - A table!

Du jus de citron à un prix «tendance»
par Barbara Pfenniger, responsable Alimentation

L’offre de boissons aromatisées non sucrées s’agrandit. C’est bien, car ces produits correspondent aux demandes de la clientèle. Ce qui est moins bien, c’est le supplément de prix. Prenons le produit Fruit Senses d’Aproz vendu chez Migros, une eau contenant 1% de jus de citron (et 0,05% d'extrait de limette et 0,03% de concombre).

Ramené au litre, cela correspond à 111 fr. pour du jus de citron bio élaboré à partir de concentré. Une différence impressionnante par rapport aux 9 à 10 fr. que coûte le litre de jus de citron bio moins transformé… En plus, il est difficile pour le consommateur de décrypter la composition, car les étiquettes de ces boissons tendance sont très souvent imprimées en couleur pastel, illisibles à la lumière du magasin. Dommage, ces eaux sont une alternative intéressante aux limonades et autres boissons édulcorées.

Droit et politique - LEX'perte
Marine StĂĽcklin - Responsable Droit et Politique

Annulation de vols: les prestataires rechignent Ă  rembourser
par Marine StĂĽcklin, responsable Droit et politique

Seulement la moitié des personnes ayant réclamé un remboursement auquel elles avaient droit l’ont effectivement reçu, les démarches nécessaires ont le plus souvent été difficiles et les prestataires n’ont informé les voyageurs de leurs droits que dans un tiers des cas. Voilà quelques-unes des conclusions effarantes d’un sondage que nous avons lancé en mai dernier. Notre but: avoir une meilleure visibilité sur les pratiques des prestataires lors de l’annulation des vols et voyages.

Autres constats: un quart des personnes qui ont réservé un vol directement auprès de la compagnie aérienne ont obtenu un bon à la place. Quant à celles qui ont pu être remboursées, elles ont attendu bien plus longtemps que les deux mois de délai accordés pendant la pandémie par l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC) – à noter que le délai en temps normal est de sept jours. A ce titre, la compagnie aérienne la plus dénoncée est Easyjet, suivie par Swiss. La compagnie low cost est par ailleurs l’entreprise la plus dénoncée en 2020.

Les consommateurs les plus mal lotis sont ceux qui ont réservé leur vol sur une plate-forme de réservation. La moitié n’a reçu aucun remboursement à la suite de l’annulation du vol, la plate-forme et la compagnie se renvoyant la balle.

La FRC regrette que les droits des consommateurs n’aient, bien souvent, pas été respectés alors qu’une reprise économique ne pourra se faire qu’en soignant la relation commerciale et le lien de confiance avec les clients.

Nous avons déjà écrit aux compagnies et plates-formes de réservation les plus dénoncées et interpellé l’OFAC.

En plus du respect du droit des consommateurs, nos revendications sont les suivantes:

1

Le prestataire doit informer activement le consommateur de son droit au remboursement et mettre Ă  sa disposition un dispositif clair et facile pour le demander.

2

Le spécialiste du voyage qui souhaite encourager le consommateur à accepter un bon à la place d’un remboursement doit rendre cette solution attractive et se conformer au minimum à la recommandation émise par la Commission européenne en mai 2020 (bons d’une validité de 12 mois au moins, remboursables au terme de sa validité si le client n’a pas pu l’utiliser).

3

Les compagnies aériennes doivent rembourser les vols annulés directement au consommateur, même lorsque ce dernier est passé par un intermédiaire (agence de voyages ou plate-forme en ligne).

Explorez les dédales du remboursement
Argent comptant - Roaming
Jean Tschopp - Responsable FRC Conseil

Téléphonie, voyage et roaming
par Jean Tschopp, responsable FRC Conseil

L'épineuse question du budget vacances! Pour s’éviter de mauvaises surprises, mieux vaut faire les bons choix pour les frais de connexion internet et de téléphone. Depuis le 1er juillet, la Loi sur les télécommunications permet aux consommateurs de définir en toute indépendance leur plafond pour les frais d’itinérance à l’étranger. Problème: les opérateurs montrent beaucoup plus d’empressement à vanter leurs abonnements avec couverture à l’international et autres packs souvent assez chers qu’à renseigner leurs abonnés sur leurs nouveaux droits.

En l’absence d’une limite fixée par le client, les opérateurs choisissent eux-mêmes un plafond. Il atteint 200 fr. chez Swisscom et même 500 fr. chez Wingo et Salt! Chez Sunrise/UPC, l’information est même introuvable, bien que la FRC ait interpellé l’opérateur. Mieux vaut donc définir soi-même sa limite. Pour vous faciliter la vie, pensez à activer votre plafond avant votre prochain séjour à l’étranger.

Avant de partir, voici les autres recommandations d’usage:

  • DĂ©sactivez vos donnĂ©es Ă  l’étranger et votre boĂ®te vocale.
  • PrivilĂ©giez les connexions wi-fi gratuites et les applications de messageries pour vos appels. Si ce n’est pas possible, les cartes de prĂ©paiement du pays de destination restent une option permettant de limiter les coĂ»ts.
  • TĂ©lĂ©chargez les applications de cartes hors ligne avant votre dĂ©part.
  • Essayez-vous au droit Ă  la dĂ©connexion: quand vous serez Ă©tendu sur un transat, un verre et un bon livre Ă  la main, votre tĂ©lĂ©phone vous manquera moins que vous ne l’imaginez.
Nouvelles technologies - L'attaque des NTIC
Jean Busché - Responsable Politique Économique

Fuite chez LinkedIn: notre vulnérabilité face aux données
par Jean Busché, responsable Politique économique

Le réseau social professionnel LinkedIn a récemment été accusé d’une fuite massive de données. Des informations concernant 700 millions de comptes auraient été rendues disponibles sur le dark web (à savoir des réseaux de sites qui ne sont accessibles que par des navigateurs web spécialement conçus à cet effet). Les défenseurs de la vie privée s’insurgent, à juste titre. LinkedIn se défend en argumentant qu’il ne s’agit que de data scraping, «raclage de données» dans la langue de Molière, soit une récolte automatisée des données accessibles sur un site. Les informations sont ensuite consolidées et compilées pour être revendues à des tiers.

Citation: «L’utilisation des données par des tiers malveillants nous rend toujours plus vulnérable aux arnaques en ligne, à l’hameçonnage ou à toute autre pratique nécessitant une connaissance de sa cible.»

En somme, qu'il y ait piratage ou non importe peu. Par sa recherche de visibilité et de référencement ainsi que par les informations que nous voulons bien fournir, LinkedIn rend disponibles des données qui, compilées et croisées avec d’autres, constituent des informations exploitables et donc commercialisables. En bout de chaîne, c'est à nouveau l'utilisateur qui en fait les frais.

Inspirant - L'idée qui pétille

Et si on dévorait le papier de nos sandwichs?
par Aude Haenni, journaliste

Marcher sur la Lune, c’est surfait. Désormais, on mange ses emballages dans l’espace. Afin de limiter les déchets à bord de la Station spatiale internationale, l’équipage a embarqué avec lui fin avril des couvercles en pain de Gênes et des trousses tapissées de madeleines et de pain d’épice. Autant d’aliments sélectionnés pour leurs propriétés mécaniques et qui, avouons-le, donnent bien plus envie de croquer dedans qu’une vaisselle comestible fabriquée à partir de blé et d’eau ou d’algues…(A ce propos, si vous n’avez pas encore lu notre article sur les alternatives aux pailles en plastique, on vous le recommande.)

Car c’est aussi là que réside l’avancée technologique des emballages comestibles. Des contenants écologiques qui, par la même occasion, nous régalent, parole d’épicurienne!

Des tasses de café en biscuit

Ces initiatives-là sont encore rares, mais certaines émergent. Notamment celle de Mélanie Lemmens, chocolatière belge, qui a planché sur un calage en chocolat dans ses boîtes de pralinés afin d’éviter le plastique. Ou celle de Twiice, une entreprise familiale néo-zélandaise qui propose des tasses en biscuit, garanties sans fuite! Avec ses huit millions de cafés consommés chaque année, même Air New Zealand a été titillée par l’expérience.

Plus proche de chez nous, il y a Crrsp. Basée à Lausanne et Genève, l’équipe propose des sandwichs croustillants, misant sur des produits sains, locaux et responsables. Le hic dans cette affaire: le packaging. «Il nous fallait remettre en question ce point faible inhérent au take-away, raconte Vincent Ledoux, cofondateur. A force de recherches, nous avons trouvé une société aux Pays-Bas qui propose non seulement des feuilles de dessert comestibles, mais aussi des versions salées.»

Un emballage en champignon

L’expérience Crrsp, nommée comme telle sur son site, élimine le pain du décor. Celui-ci est remplacé par des palets de riz, enrobés dans cette fameuse feuille comestible. Verdict: la texture est un peu caoutchouteuse, mais le goût est neutre. Et elle remplace le papier à merveille. Certes, l’encas est encore vendu dans une boîte en carton, un package en fibre de champignon pourrait s’y substituer. Non mangeable, mais compostable (pour autant que la commune l’accepte). Un petit pas pour l’Homme, mais un grand pas pour l’humanité?

Alimentation - Superaliments

Les vertus du noir

Superaliment, le terme est à la mode et il fait vendre. Il véhicule des promesses de santé, de bien-être et de jeunesse prolongée. S’il renferme bien des nutriments utiles, les preuves scientifiques manquent. La FRC en éclaire quelques-uns et les compare avec des alternatives plus locales.

Myrtilles 16 fr./kg vs Baies d'aronia 65 fr./kg

Les baies d'aronia, originaires d’Amérique du Nord, sont désormais cultivées à petite échelle en Suisse. Leur teneur en tanins étant élevée, elles sont généralement vendues séchées. Sinon, elles entrent dans la composition de birchers ou de boissons où des ingrédients sucrants atténuent leur amertume. Outre des vitamines (C et E) et des minéraux (potassium), ces fruits sont surtout connus pour leur teneur en anthocyanes et autres flavonoïdes antioxydants. Myrtilles, mûres et cassis en sont tout aussi riches, et plus goûteux encore lorsqu’ils ont mûri au soleil.

Bouton - Voir le dossier complet
Local-global - Le monde de la FRC

Ensemble, on est plus forts!

Les membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), dont la FRC, ont tout récemment rencontré des représentants de la Commission européenne. Le but de cette rencontre au sommet? Unir leurs forces contre la vaisselle en résine avec bambou qui relâche des substances indésirables dans les aliments. Cette initiative inédite sonne le début d’une collaboration pour protéger la santé des consommateurs et faire respecter leurs droits partout en Union européenne. On ne peut que s’en réjouir!

Infographie - En image
Infographie décongélation
En bref - DĂ©jĂ  lu et vu?

A lire ici ou ailleurs

Une petite sélection de ce que vous auriez pu manquer, sur le site de la FRC ou ailleurs.

  • Test Covid-19: qui paie quoi? Avant de partir en vacances ou de laisser partir vos enfants en camp et autres centres aĂ©rĂ©s, petit pointage au niveau des tests et de leur remboursement.
  • LĂ©gumes dĂ©truits. Ce printemps, des dizaines de tonnes de tomates et salades ont Ă©tĂ© broyĂ©es dans le canton de Vaud, car les acheteurs ont prĂ©fĂ©rĂ© se fournir Ă  moindre prix Ă  l'Ă©tranger. Choquant, non?
  • Des milliers de respirateurs potentiellement cancĂ©rogènes. La mousse en polyurĂ©thane utilisĂ©e pour l’isolation phonique d'appareils Philips peut se dĂ©grader et Ă©mettre des particules cancĂ©rogènes. Depuis des mois, autoritĂ©s et fabricants se renvoient la balle. Un flou qui Ă©nerve profondĂ©ment la FRC.
Équipe FRC - Dans les coulisses

La gourmandise est un vilain défaut!

A la FRC, nous n'avons jamais peur des nouvelles expériences ni de donner de notre personne. Récemment, nous avons pris part à l’initiative rigolote par Lausanne à Table appelée Caracathon. Le principe: déguster dix caracs provenant de boulangeries de Lausanne et leur attribuer une note. Evidemment, nous avons pris la chose très au sérieux en évaluant plusieurs critères et en conviant notre spécialiste Alimentation Barbara Pfenniger (à droite) à cette dégustation. Bilan: des caracs délicieux, d'autres moins à notre goût et surtout un gros mal de ventre à la fin (dix caracs, en fait, c'est beaucoup!).

Mot de la fin - Un dernier pour la route

La FRC est en congé mais reste au taquet

Après un premier semestre épique et riche en émotions: publication de l'enquête et lancement de la campagne #ramenetafraise, lancement de notre compte Instagram, sortie de la Lettre FRC, sessions parlementaires très chargées, etc., il est temps pour la FRC de prendre quelques congés.

Comme le reste de la population, nous prenons tous les jours ou presque des nouvelles du front sanitaire pour savoir si nos destinations de vacances sont touchées par de nouvelles mesures. Même si été rime avec insouciance, nous devrons nous montrer prudents ces prochains temps.

A la rentrée, un programme copieux nous attend, avec notamment un magazine FRC Mieux choisir flambant neuf, un lifting du site internet frc.ch, des nouveautés pour Tous consomm'acteurs de la santé et des opérations de terrain en veux-tu en voilà!

D'ici là, nous comptons sur vous pour nous signaler les cas de greenwashing ou nous informer si vous trouvez de la vaisselle en résine avec du bambou dans les magasins. La défense des consommateurs, elle, ne prend jamais de vacances!

Rendez-vous au prochain numéro de la Lettre C’est la jungle! le 30 septembre prochain.

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Fédération romande des consommateurs

Rue de Genève 17

Case postale 6151

1002 Lausanne

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