Contaminants
Protections menstruelles toxiques pour l’organisme?
Sur le Vieux-Continent comme aux États-Unis, des recherches scientifiques et tests tirent la sonnette d’alarme sur la présence de substances toxiques dans les protections menstruelles. Tour d’horizon des principaux résultats et conseils.
05 septembre 2025

Tampons, serviettes, mais aussi culottes et cups mentruelles: aucun type d'articles n'est épargné.
Image: Jean-Luc Barmaverain

Rebecca Eggenberger
Responsable Alimentation et Prévention
Métaux lourds, pesticides et PFAS ont été détectés dans les protections menstruelles, et ce même dans des produits pourtant labellisés. Les tampons sont particulièrement touchés. La législation suisse, calquée sur les dispositions européennes, est bien silencieuse sur le sujet. En effet, aucune réglementation n’impose de seuil pour ces contaminants dans les protections hygiéniques. L’étiquetage reste donc facultatif.
Europe et États-Unis | L’an dernier, les universités de Berkeley et Columbia ont analysé 24 marques de tampons, vendues en Europe et aux États-Unis. Des traces de métaux, dont du plomb parfois à des concentrations dix fois supérieures à celles autorisées dans l’eau potable, ont été détectées. Mais aussi de l’arsenic et du cadmium, y compris dans des produits labellisés bio, dans des quantités moins importantes. Le coton utilisé pour leur fabrication a vraisemblablement été contaminé lors de sa culture ou de son nettoyage. Certains métaux entrent encore activement dans la fabrication des tampons pour leurs propriétés antibactériennes ou la prévention des odeurs.
Les culottes menstruelles et les coupes ne sont pas épargnées. Une étude des universités de l’Indiana et de Notre-Dame a révélé en juillet 2025 que près de 30% des échantillons analysés contenaient des PFAS à des niveaux suggérant un usage intentionnel dans leur fabrication.
France | L’enquête du magazine 60 Millions de consommateurs a révélé la présence de résidus de glyphosate (classé probablement cancérogène par l’OMS), dioxines et phtalates dans plusieurs marques de tampons. Quelque 70% des échantillons certifiés bio étaient touchés! Les serviettes hygiéniques s’en sortent mieux (2023).
Royaume-Uni | Cette année, le Pesticide Action Network UK a révélé la présence de glyphosate dans une boîte de tampons. La concentration était 40 fois plus élevée que la limite fixée pour l’eau potable.
Suisse | En mars dernier, le magazine alémanique K-Tipp a publié l’analyse de huit marques de tampons commercialisés en Suisse. Ceux de Natracare, labellisés bio, sont classés insuffisants en raison de la présence de résidus de glyphosate. Les tampons O.B. Pro Comfort et Siempre (Migros et Lidl) ont été les mieux classés.
La santé en danger?
Certains scientifiques pointent du doigt une absorption potentiellement plus élevée via la muqueuse vaginale qu’à travers la peau ou la bouche. Un avis pas unanimement partagé. De son côté, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (il est également en charge de la surveillance des produits usuels malgré ce que le nom de cet officine laisse supposer, ndlr) se veut rassurant: «Aucun risque pour la santé lié aux substances présentes dans les produits menstruels n’est à attendre.» Reste qu’à ce stade, les études manquent pour s’en assurer. Pas étonnant, sachant que la recherche sur la santé féminine est à la traîne! Un minimum de transparence de la part des fabricants serait la moindre des choses, comme l’impose la France depuis 2024.
Conseils
- Diversifiez les types de protections.
- Privilégiez des produits dont la composition est connue ou communiquée volontairement et
les marques qui publient des résultats de tests indépendants. - Ne vous fiez pas uniquement aux labels bio et aux allégations figurant sur l’emballage.
À lire aussi
Genre
Santé des femmes

Agir
Soutenez nos enquêtes. On s'occupe du reste.


Continuer ma lecture

Grand déballage
Ce que cache le suremballage

Rayon frais
Les plats préparés, une solution de secours, sans plus
