26.11.2010
Les entreprises associées Bouchet-Verdonnet à Troinex, horticulteurs depuis 6 générations, ont ouverts leurs portes aux membres de notre comité en mai 2010.
Nous étions un peu dubitatives sur ce que nous allions voir. En effet, nos esprits font depuis plusieurs dizaines d’années une nette différence entre production locale et production industrielle, or il s’agit bien ici d’un heureux mélange des deux.
Si nous avons été touchées par la qualité de l’accueil et des informations techniques reçues, nous avons été particulièrement sensibles à l’esprit dans lequel travaillent ces entreprises: que ce soit au niveau des économies d’eau et d’énergie, de la difficulté à maintenir une éthique professionnelle dans l’achat des graines et l’utilisation de substance chimiques ou encore dans la gestion complexe d’ouvriers saisonniers à qui l’on veut donner une juste rémunération et des conditions de travail décentes, etc.
On s’en rend compte, le fonctionnement de ces entreprises est basé sur une multitudes de facteurs fragiles, sans parler encore de la négociation avec les clients (principalement de grands distributeurs comme Migros et Botanic) ou de la nécessité de se renouveler, d’innover (notamment en matière de recyclage des emballages, du chauffage des serres, etc.), toujours en veillant à conserver les valeurs et les principes qui ont fondé ces entreprises et permettent à tous, patrons et employés, d’aimer leur métier.
Il semblerait que le secret de la réussite de cette industrie familiale se trouve à la fois dans leur sens de l’économie des ressources, leur volonté de conserver une éthique responsable à la fois dans l’achat des graines, dans le respect du cycle des cultures ainsi que dans la gestion de son personnel…et parfois aussi dans les mystères de la météorologie ou de la psychologie des corneilles!
Bien sûr, il faut parfois faire des compromis mais tant que perdurera l’idée: » Nous produisons de la beauté grâce à la nature, on ne peut pas vouloir lui nuire! « , faisons-leur confiance pour que ces compromis soient en faveur de notre environnement et de notre santé.
Visite technique/ que font-ils concrètement?
l’entreprise s’occupe du planning de la production pour les clients (80% de la production est pour les » gros » clients: les distributeurs Coop, Migros, Botanic etc.
l’entreprise recherche également pour les clients les variétés de plantes les plus adaptées aux besoins des clients (les plantes potagères sans OGM sont pour environ 80% des plantes hybrides. Des hybrides nouvelles sont créées chaque année et il convient de se tenir au courant de ces innovations afin de fournir au client les plantes les plus adaptées à ses besoins).
Au niveau du substrat, il vient d’Allemagne (interdit d’en prélever en Suisse)
Processus de fabrication:
Compactage sur un support de terreau (400 à 500 plateaux à l’heure) et utilisation de sable de rivière pour conserver l’eau et lester les plants lors du transport.
Placement en chambre de germination (exemple: il faut 14 jours de germination pour des salades au moi de mai, il en faut 10 semaines en hiver).
Elevage en serre (8000m2 de serres dont une partie de serre froide (uniquement dispositif hors gel), une partie serre chaude à 15°C et une dernière partie chauffée à 18°C pour la culture des orchidées. Le chauffage de ces serres s’effectue par un chauffage au bois par le sol.
►Les entreprises associées Bouchet-Verdonnet sont françaises mais reconnues en Suisse avec la certification Bio de Migros (qui implique également des critères écologiques au niveau du transport ainsi que des critères sociaux importants).
Quant à la production vendue en France, elle a obtenu la certification bio Ecocert en 2000 et l’entreprise Datasem, qui fournit 32 magasins Botanic, propose toute sa gamme de produits en emballage bois (d’autres formes d’emballages écologiques sont également imaginées pour les prochaines années, par exemple des pots en tourbe ou en sous-produits industriels comme les pelures de patates).
Par ailleurs, et dans le cadre des critères de production Bio, la lutte contre les parasites se fait au moyens » d’auxiliaires » (lâchage d’insectes qui détruisent les insectes nuisibles aux plantes). Les parasites sont comptés grâce à des feuilles autocollantes disposées à intervalle régulier dans les serres et lorsque leur nombre dépasse un certain seuil, un lâchage est effectué, ce qui est intitulé Production Biologique Intégrée.
En effet, un des principes de base du « Bio » est de renforcer la plante elle-même (notamment en éliminant ses parasites sans produits chimiques) afin d’éviter de devoir la traiter si elle devient malade.
Au sujet de l’arrosage, il se fait uniquement par le sol (pour un recyclage optimum de l’eau) avec de l’engrais organique exclusivement.
Néanmoins, produire Bio, implique également de penser » logique de saison » pour éviter le gaspillage des ressources énergétiques. Or, un pot de basilic bio produit à Troinex, dans du terreau bio et vendu dans un bac en bois au mois de février est-il vraiment bio?
Nos hôtes nous ont attiré spécifiquement notre attention sur ce point, car il fait partie d’un des fameux compromis qu’ils doivent faire avec leurs clients, dont les propres clients (càd nous!) veulent apparemment acheter du basilic en février.