5.5.2015, Laurianne Altwegg / Comment tracer le vêtement depuis un atelier indien ou bengali jusqu'au rayon du magasin? paul prescott / Shutterstock.com Photo d'illustration
Les critères à prendre en compte pour s’habiller de manière responsable sont nombreux. Comment faire pour bien faire?
Une industrie opaque et un marché localisé essentiellement dans les pays en développement: autant dire que la virée shopping tient du casse-tête pour qui se soucie de connaître les conditions sociales et environnementales dans lesquelles sa future garde-robe est produite. Pour preuve, en avril, la Déclaration de Berne épinglait H&M, l’accusant de ne pas tenir ses promesses en matière de salaire vital pour les employés de ses usines, quand bien même la marque promeut la mode éco-responsable via sa gamme Conscious.
Depuis plusieurs années, des initiatives pour améliorer la situation fleurissent, sauf que les efforts ne sont pas forcément palpables sur l’étiquette du produit. Parmi les solutions qui ont émergé, figure celle créée par Switcher en 2005, qui a donné naissance à Product DNA. Cette société avait pour ambition d’améliorer la transparence de la chaîne de production et, surtout, de rendre l’ADN du vêtement – ses lieux de production et chaque usine par laquelle il est passé – visible sur son étiquette. Aujourd’hui, 45 millions de codes circulent sur les produits et peuvent être tracés sur la plateforme respect-code.org.
Depuis février 2015, l’entreprise a pris son indépendance, avec Robin Cornelius, l’ancien CEO de Switcher, à sa tête. Elle s’est dotée d’une nouvelle ambition: convaincre d’autres marques de rendre leurs produits transparents en mettant en lumière leurs sous-traitants. «Ainsi, non seulement l’entreprise reste attentive à sa chaîne de production, qui peut toujours comporter des risques, mais elle peut aussi mettre en valeur de belles usines, souvent cachées derrière la marque. C’est comme une équipe de football: au départ, on ne connaissait que le gardien, puis toute l’équipe est enfin reconnue par son nom et pour sa fonction», explique Gilles Dana, à la fois responsable du développement durable chez Switcher et chef de la traçabilité de Respect-Code.
Plaidoyer pour une étiquette standardisée
La démarche est belle mais elle a un défaut: l’information reste peu compréhensible pour le consommateur car elle est destinée en premier lieu aux entreprises. A terme cependant, Gilles Dana compte sur l’alliance de plusieurs marques pour développer un étiquetage comparable à celui des appareils électroménagers: «L’idéal serait de disposer d’un standard sur chaque étiquette mentionnant des lettres type «A, B, C» qui reflètent tous les aspects pondérés en fonction de leur importance.» Car, rappelons-le, en matière de textile, la provenance d’un produit est facultative; seuls la marque et le prix sont des mentions obligatoires.
Les outils existants
En attendant, pour éviter les marques infréquentables, le client peut se tourner vers les labels, en restant conscient tout de même que ces derniers sont très segmentés: aucun ne couvre tous les critères écologiques, équitables, sociaux ou sanitaires ayant trait à la production des vêtements. Autres outils à mettre dans sa poche, les guides gratuits et l’application smartphone de la Déclaration de Berne, qui évalue régulièrement les entreprises textiles.