29.1.2019, Aude Haenni / Photo: shutterstock
Certaines matières tissent aujourd’hui les habits compostables. Une nouvelle mode ?
Le vieux T-shirt dont on se sépare termine, d’habitude, dans un magasin de seconde main, dans la benne à textiles ou en torchon. Et si on le jetait plutôt dans le compost du jardin? Depuis quelques années, certaines marques vestimentaires semblent se préoccuper davantage de leur empreinte environnementale en imaginant des produits pouvant finir en humus naturel. Sporadiquement, comme les baskets Adidas en fil d’araignée de synthèse, et les Puma en coton biologique et plastique biodégradable. Ou de manière plus poussée, à l’image de Freitag.
Les initiatives suivent
«Il nous a fallu cinq ans pour développer la ligne de vêtements F-ABRIC, explique le zurichois connu pour ses sacs faits en bâches de camion. Dans une industrie dominée par le coton, il a été difficile de trouver des tisseurs européens prêts et capables de travailler avec du lin et du chanvre.» Malgré un parti pris pas si simple, Freitag préfère contrer la fast fashion en produisant local et écologique et espère voir la mode tendre vers le même développement positif que celui de la nourriture.
L’an dernier, C&A a lancé ses T-shirts certifiés Cradle to Cradle, un concept où le déchet n’existe pas puisque tout se recycle indéfiniment. En compost… ou en don. En Suisse, Calida suit la tendance avec son T-shirt «I love nature», en fibre de pulpe de bois, 100% compostable, fil compris. «Tous les détails ont été pensés. D’ailleurs, beaucoup de gens nous demandent s’il s’agit d’un produit de même qualité qu’un autre. En cas de vacances dans un pays chaud et humide, aucun risque de décomposition! », rassure Harald Lenzinger, designer homme et senior product manager. Satisfaite des premiers retours depuis l’introduction du T-shirt en juillet 2018, la marque prévoit une collection automne- hiver plus fournie. «Un vêtement circulaire, c’est le futur du design, souligne-t-il encore. Avec le certificat Cradle to Cradle, nous garantissons que tous les ingrédients retournent dans la nature.»
Avec un bémol toutefois: ces produits ne conviennent pas au compostage municipal. Il serait d’ailleurs quelque peu difficile de faire comprendre aux employés de la déchetterie qu’il s’agit d’habits peu conventionnels, mettant entre deux et douze mois, selon l’objet, à se transformer en nutriments biologiques. Aussi, le client dépourvu de jardin peut ramener son achat dans n’importe quelle succursale Calida. Le textile finira en terre à l’usine de Sursee (LU) «où nous plantons des légumes que nous mangeons»!