6.2.2018
Qui se soucie de nous? Pas les fabricants!
On connaît le nanoargent qui rend les sparadraps stériles et protège les chaussettes des mauvaises odeurs. On a déjà entendu que le noir de carbone sous sa forme nano offre meilleure vie aux pneus. Mais on est aussi conscient des effets délétères sur les bronches des particules fines lâchées dans l’air. Bref, la notion de nanomatériau a fait ces vingt dernières années un bout de chemin dans nos esprits. Cela reste pourtant assez vague et l’échelle à laquelle on se situe est moyennement claire, admettons-le.
Ce qu’on sait moins, voire qu’on ignore, c’est que ces substances à la taille de l’infini petit entrent dans des tonnes de produits de grande consommation, y compris dans la composition des aliments, des médicaments ou des cosmétiques. Or s’il est un point au sujet duquel le consommateur entend être rassuré, c’est bien le bénéfice que lui apporte ce qu’il ingère ou qu’il applique sur la peau. Pourtant, à quelques exceptions près, les emballages restent murés dans le silence. Et avec eux, nous voilà murés dans le doute et la crainte d’exposer notre santé à des dangers potentiels aux contours mal définis, faute d’information transparente.
La science est aussi assez mal lotie: le fait qu’un composé existe à l’échelle nanométrique induit des modifications imprévisibles dans ses propriétés habituelles. Ce caractère insaisissable nécessiterait d’innombrables études pour répondre à tous les questionnements. Or, selon les chiffres de l’Agence nationale de sécurité sanitaire en France, les capitaux investis dans l’innovation industrielle sont neuf fois plus importants que ceux consacrés à déterminer les effets nocifs sur la santé ou l’impact sur les cours d’eau, les sols, l’air. Voilà qui n’est pas pour rassurer.
Le test que nous publions ce mois avec l’association française UFC-Que choisir marque cependant un pas important: une méthode de pointe permet désormais d’identifier les nanomatériaux et de quantifier leur taille. Ce nouvel outil, appliqué sur douze produits dans cette édition, laisse présager du mieux pour cerner des composés suspects. Mais de là à obtenir des réponses concernant la santé, c’est trop s’avancer… Les recherches aujourd’hui ne portent pas sur l’homme.
La Suisse a développé il y a quelques années une approche inédite dont l’Europe s’est inspirée. Une grille de précaution destinée aux fabricants leur permet d’évaluer, sur une base volontaire, les risques potentiels des nanomatériaux de leurs produits sous l’angle triple des consommateurs, des travailleurs et de l’environnement. Il revient au législateur de rendre cette grille obligatoire. En attendant, refrain que la FRC serine à intervalles réguliers, le consommateur n’a d’autre choix que de s’abstenir de certains achats dans la mesure de ses moyens. Sauf peut-être en matière de protection UV. Car il faut bien l’avouer, pour prévenir les cancers de l’épiderme, c’est filtre solaire ou rester couvert!
Laurence Julliard
Sommaire
04 | Zoom
06 | actualité
06 | Assurance – une sale manie recadrée
07 | Télécoms: Garantie iPhone: Mobilezone s’enferre – Les faiblesses de l’iPhone X
08 | Identité numérique: Un concept plus si abstrait
09 | Scandale VW: Procédure judiciaire: c’est parti!
10 | Nanoparticules: Ces produits du quotidien qui inspirent une grande méfiance
13 | Au quotidien
13 | Action collective: Contrer l’impuissance des consommateurs
14 | Yogourt moka: Le choucou bien trop sucré des Romands
16 | TVA: des baisses inéquitables – Concours Experts de demain: Qui seront les gagnants 2018?
17 | Assurance-maladie: L’astuce pour couvrir sa franchise
18 | Compote: On se paie notre pomme
20 | Hotelcard: Un cadeau parfois empoisonné
21 | Testés pour nous
22 | planète frc
22| La réflexion de…
23 | Nos combats
24 | Nouveautés 2018
26 | La FRC vous répond
26 | La FRC vous défend
29 | Dans votre région
30 | A vous la parole
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