5.12.2023, Réd., photos: Jean-Luc Barmaverain
D'un côté, des indices montrent que les assurés peinent à se faire soigner, faute de moyens. De l'autre, qu'ils consommeraient trop de prestations. Qu’en est-il exactement? Les Consommacteurs en débattent avec un panel de professionnels experts dans ce domaine.
Des primes d’assurance qui ne cessent d’augmenter. Des réformes pour maîtriser les coûts qui tardent à venir. Des indices qui démontrent que lorsque les assurés ont réglé leurs primes, ils ne leur restent plus d’argent pour se faire soigner. A l’inverse, d’autres analyses indiquent que l’on consommerait trop de prestations. Qu’en est-il exactement? Où situer la démarcation entre sur- et sous-consommation des soins?
Les Consommacteurs de la santé ont été réunis le 8 novembre à Lausanne pour la tenue de cette nouvelle édition du Forum des patients et des assurés 2023. Près de 80 personnes ont dialogué avec des invités (ansi qu’avec les autres participants, membres et donateurs FRC) de choix selon une formule idéale pour ce type d’échanges: le world café. Parmi les invités, l’événement a pu compter sur la présence de Pierre-Yves Maillard, alors conseiller national membre de la Commissions de la sécurité sociale et de la santé publique; Bernard Burnand, Prof. honoraire à la Faculté de biologie et de médecine de Lausanne et président de la Commission santé de la FRC; Christophe Kaempf, porte-parole de SantéSuisse; Émilie Rosenstein, Prof. HES associée responsable de l’Observatoire des précarités (HETSL), Joachim Marti, resp. du secteur Économie de la santé à Unisanté, Lausanne et Anouk Friedmann, directrice des Aides et assurances sociales auprès du Département de la santé et de l’action sociale du canton de Vaud.
Durant la soirée, les participants ont tenté d’ébaucher des solutions. «Trois milliards de francs, c’est le volume global que représente l’augmentation des primes 2024. Cette somme disparaît sans qu’on ne sache où», a ainsi souligné Pierre-Yves Maillard. Ce constat exige au minimum de pousser la population à demander des subsides.» Le canton de Genève, par exemple, travaille sur une piste différente: intervenir via la déclaration fiscale. L’idée a le mérite de passer outre le frein psychologique de certains citoyens à oser demander un soutien de l’État. Elle lutte aussi contre les «allergies administratives» ou les difficultés liées à l’outil informatique.
Plusieurs autres chiffres ont été évoqués. D’un côté, un tiers des frais médicaux coûtent inutilement. Il s’agit donc aussi de remettre en question les actes superflus. Encore faut-il que le patient soit suffisamment bien informé pour dialoguer avec son médecin traitant. A contrario, renoncer aux soins a d’autres conséquences, puisque plus on consulte tardivement, plus les actes médicaux coûtent et exigent une intervention conséquente. Le patient a tendance à l’oublier aussi. Enfin, plusieurs voix se sont élevées pour affirmer qu’il était temps de proposer des réformes courageuses et d’oser penser à un niveau sociétal plutôt que de couper les sparadraps en quatre!
Cette rencontre a permis une nouvelle fois un rapprochement entre Consomm’acteurs de la santé et acteurs du système de santé. Chacun a pu faire valoir son expertise. Or c’est notamment parce qu’expertises et expériences ne se côtoient pas assez qu’on observe un certain climat de défiance dans le système de santé et de soins. La FRC comble ainsi le fossé!
Le projet Consomm’acteurs de la santé compte désormais une communauté de 330 personnes engagées par leur expertise citoyenne à mieux comprendre les enjeux de santé, à prendre position et à en débattre avec des professionnels reconnus. Le projet est né en décembre 2018.
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