25.2.2020
La réflexion de Sophie Michaud Gigon Secrétaire générale de la FRC
La lutte contre le gaspillage alimentaire, c’est dans l’ADN de la FRC. Depuis le milieu des années 1960, elle informe les consommateurs sur ce fléau et donne des outils permettant de réagir individuellement. Nos équipes se sont mises aux fourneaux pour concocter des guides de recettes qui composent avec les restes, qui valorisent les morceaux de viande oubliés. La FRC a aussi testé des denrées passées de date, confirmant que l’on avait la main bien trop leste vers la poubelle, puis publié deux pense-bêtes, l’un sur les bons gestes de conservation, l’autre pour mieux appréhender ces dates qui font si peur sur les emballages.
Cette année, la FRC participe à une nouvelle campagne nationale. Parce que nous n’en avons pas fini de devoir sensibiliser la population. Notre dégustation sur le pain de l’avant-veille permet de le rappeler. Et le 15 mars, Journée internationale des droits des consommateurs, la FRC met une nouvelle fois le sujet sur la table. Voilà pour l’individu.
Fait réjouissant, nous sommes désormais rejoints par des acteurs toujours plus nombreux. Associations, épiceries, start-up, chacun y va de sa proposition. La grande distribution a encore du travail à faire, notamment pour assouplir le calibrage des fruits et légumes frais, comme en matière de datage et d’emballage. Mais voyons le bon côté des choses: quand Migros suit certains restaurateurs et intègre le circuit Too Good To Go, cette application qui offre une seconde chance aux repas et aliments non consommés, on est sur une bonne voie.
Globalement, les initiatives créatives se multiplient. Les Äss-Bar accompagnent le mouvement du deuxième service en proposant à moindre prix les produits boulangers de la veille. «Mange-moi comme je suis», nom évocateur et charmant pour une start-up broyarde, réintègre dans le circuit les fruits et légumes non calibrés, idem pour les paniers bio d’Ugly Fruits, à Neuchâtel, qui mettent les carottes à deux pattes à l’honneur ainsi que tous les légumes difformes snobés par la grande distribution.
Bien sûr, l’alimentaire n’est qu’une facette parmi d’autres: emballages, textiles ou simplement Schrott – ces objets de piètre qualité utilisés qu’une fois avant de prendre la poussière –, participent également au gâchis des ressources. C’est sur ces aspects que les distributeurs sont aussi attendus. Car s’ils font évoluer positivement leur offre, les comportements de chacun ne pourront que progresser. Notre rôle à nous, FRC et les consommateurs avertis que vous êtes, est de faire pression en ce sens. Miser sur une dimension collective fera de la consommation durable une réalité.