13.10.2020, Lionel Cretegny
Pratique en bombe, agréable en gel, économique en crème, complexe en savon, la mousse à raser s’achète selon ses besoins et préférences. Elle se sélectionne cependant consciencieusement, molécules indésirables obligent.
Souvenez-vous, se raser dans les années 1990 était synonyme de la perfection au masculin! Mais aujourd’hui, fini le quasi-monopole de Gillette. Nombreux sont les fabricants à proposer des mousses onctueuses. Hydratantes pour certaines, elles amènent avant tout une sensation de «glisse» et atténuent la douleur de la lame en gonflant le poil pour l’assouplir et le redresser. On ne s’étonnera donc pas que les notions de glide et ultraglide soient souvent mises en avant sur les emballages par toutes sortes d’allégations plus ou moins appuyées…
Pour obtenir cette mousse onctueuse donc, quatre textures sont proposées sur les étals des magasins. La première, en spray sous pression, est la forme la plus classique. Suivent les gels en bonbonne qu’il faudra faire mousser. Et finalement les crèmes et savons à raser, qui raviront les nostalgiques, à travailler au blaireau dans un bol – directement sur le visage pour les plus aguerris.
Le plus, ennemi du bien
Si le type de contenant dépend des besoins de l’utilisateur, les tout petits caractères inscrits sur les emballages touchent, eux, toute la gent masculine qui ne jure que par le glabre. Aussi, la FRC s’est penchée sur les listes d’ingrédients présents dans ces produits. Comme à chaque lecture d’étiquettes dans le domaine des cosmétiques – qu’il s’agisse de gel douche, de shampoing, de maquillage – celle-ci réserve quelques bonnes surprises… mais surtout des mauvaises!
Première consternation avec le nombre d’ingrédients: certaines mousses en comptent plus de 20. La palme revient à Nuxe qui détient 31 molécules différentes, alors que Taylor for Old Bond Street et I am proposent un produit correct, avec respectivement 11 et 12 ingrédients. A noter que la composition des produits en bombe est généralement plus longue que les autres, excepté le M-Budget (13 molécules).
Parmi cette pléthore de composants, on retrouve certaines substances indésirables. Le Phenoxyethanol, toxique pour le foie, règne en maître dans les mousses, suivi par le BHT, un perturbateur endocrinien à éviter. Les produits Gillette Gel à raser et Lavera font exception; leur composition est sans risque pour la santé, tout comme le savon Speick Men. Même constat pour les crèmes, hormis celles de Hawkins & Brimble et Palmolive, où l’on retrouve du Butylphenyl Methylpropional, toxique pour la reproduction. Haro encore sur le modèle Gillette skinguard sensitive qui contient du Sodium Lauryl Sulfate. Cette substance est utilisée en laboratoire comme référence irritante au vu de sa puissance. Si elle est souvent utilisée pour son pouvoir nettoyant en cosmétique, elle ne devrait pourtant pas avoir sa place dans un produit dit «sensitive». D’autant plus que Gillette nous montre être capable de produire un gel en bombe irréprochable, finissant sur la deuxième marche du podium des bombes.
Effets délétères
Prendre soin de sa santé est une chose, faire attention à celle de la planète en est une autre. Dans notre analyse, nous avons ainsi aussi pris en compte que de tels produits se rincent et se retrouvent de ce fait dans la plomberie. Bien que les stations d’épuration fassent leur travail, une bonne quantité d’ingrédients est susceptible de finir dans la nature. Parmi la liste de composants, nous en avons retenu 23 dont l’écotoxicologie inquiète. Et là, toutes les mousses à raser sont malheureusement touchées. On retiendra que le problème vient principalement des parfums, comme le Limonene, le Geraniol ou le Citronellol. Pour la perfection, on repassera!
Lire le test sur test.frc.ch
Cet article est paru dans le magazine FRC Mieux choisir sous le titre «Mousse à raser: un choix parfois rasoir».