24.2.2015, Barbara Pfenniger / Photo: Jean-Luc Barmaverain
Les mélanges aromatiques peuvent cacher jusqu’à 60% de sel dans leur composition. Coup de projecteur.
Les mélanges aromatiques donnent du caractère aux plats: fines herbes pour des saveurs légères ou épices pour corser les mets. A un détail déplaisant près: ils contiennent trop souvent un ingrédient clandestin: du sel bon marché, dans des proportions plus ou moins conséquentes selon les flacons.
Pour le consommateur, c’est fâcheux à plus d’un titre: au magasin, il doit s’astreindre à une lecture d’étiquette approfondie pour détecter l’intrus; à la cuisine, sa tâche est rendue d’autant plus ardue afin de garder la main légère sur les mets; à table, enfin, le Suisse peine à respecter les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé – soit 5 grammes de sel par jour pour limiter les risques de maladies cardiovasculaires – puisqu’il en ingère de 8 à 10 grammes. Le législateur a bien prévu d’aider le consommateur, sauf qu’il n’encadre strictement que la préparation du curry – pas plus de 5% de sel dans sa composition. Dans les autres mélanges de condiments, la loi prévoit simplement que la teneur soit indiquée si elle dépasse cette limite.
Rappelons que la plus grande part du sel que nous ingérons provient des denrées transformées. Il faut donc scruter plutôt deux fois qu’une un emballage avant l’achat. C’est à vous de décider comment vous souhaitez rehausser vos plats, pas à l’industrie alimentaire. Reprenez le pouvoir sur votre salière et souvenez-vous que les meilleures alternatives à ces assaisonnements tout prêts consistent à préparer vos propres mélanges.
Le sel, ça trompe énormément !
Le sel iodé vaut 95 ct. le kilo. Ces flacons glanés au hasard des courses font grimper sa valeur jusqu’à plus de 165 fr.
Mix au chili des Alpes (Manor)
A priori, il s’agit d’un mélange d’herbes séchées de nos montagnes, sauf qu’il contient essentiellement du sel importé de France (59%) et du poivre de Cayenne suisse (34%).
Le Chef, viande (Migros)
La plupart des assaisonnements pour viande contiennent du sel (ici 43%), qui est dans ce cas exceptionnellement pas accompagné de glutamate ou d’extraits de levure pour en renforcer le goût. Le paprika et le curcuma de notre exemple colorent naturellement le sel, le rendant invisible.
Lemon & Pepper (Coop)
L’acheteur s’attend à trouver deux ingrédients dans ce flacon: du poivre et du citron. Or le sel représente un tiers du contenu (35%). En outre, on y trouve aussi du sucre brun et quatre additifs, certes inoffensifs, mais dont la vocation est de teinter le sel pour le faire disparaître.
Raclette Délice (Coop)
Un fromage à raclette contient naturellement du sel (2% env.). Inutile d’en rajouter! Cet assaisonnement est lui aussi coloré avec des additifs.
All’italiana (Coop)
Dans un produit bio, le consommateur s’attend à trouver un mélange sans reproche: sans pesticides et favorable à la santé. Ces herbes italiennes cachent pourtant 20% de sel.
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