7.3.2015, Barbara Pfenniger
L’analyse FRC des publicités télévisées l’avait montré: en Suisse, les enfants voient trop de pubs pour des aliments riches en graisses, en sucres et en sel. Le nouvel outil proposé par l’OMS sera très utile pour trouver une solution pragmatique.
Partout en Europe, les enfants sont trop souvent exposés au marketing en faveur d’aliments et de boissons riches en énergie et en nutriments défavorables à la santé. L’étude de la FRC et de ses collègues de l’Alliance des organisations de consommateurs avait notamment montré que durant les programmes pour enfants, il y avait surtout des spots pour du fast-food et des friandises sucrées. Les organisations de consommateurs avaient tiré la sonnette d’alarme, car si c’est dès la petite enfance que l’on commence à connaître et à réclamer les marques, ces enfants sont plus susceptibles de s’alimenter peu sainement et d’être en surpoids.
Les difficultés des pays d’agir
En dehors d’un petit nombre de pays, les pouvoirs publics hésitent à empoigner cette bombe à retardement, malgré les problèmes d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de diabète qui assombrissent le futur des jeunes. Ceci est notamment dû à la difficulté de décider quels seraient les aliments ou boissons pour lesquels le marketing devrait être limité, par exemple à la télévision, sur internet ou dans la presse enfantine.
La solution proposée par l’OMS
Pour répondre à ce besoin, l’OMS Europe a développé des critères permettant de classer les aliments et boissons selon leur composition nutritionnelle.
Tous les aliments sont regroupés par familles de produits. Certains parmi ces groupes sont d’office exclus des publicités: les boissons sucrées et energy drinks, les chocolats et sucreries, les biscuits et gâteaux et les glaces. Nous mangeons déjà beaucoup de ces friandises sucrés, même sans publicités pour les promouvoir.
D’autres groupes d’aliments doivent remplir des critères précis pour « passer à la pub ». Ces critères sont globalement plus stricts que les critères développés par l’industrie alimentaire dans leurs engagements à limiter leur marketing (Swiss Pledge). Ainsi avec le nouveau modèle, des céréales du petit déjeuner ne doivent pas cacher plus de 15% de sucre (Pledge: 30%), les snacks de doivent pas contenir plus de 0,1% de sel caché (Pledge: 2,25%) et les plats tout prêts ne doivent pas contenir plus de 10% de sucre (Pledge: 20%).
Chose inattendue: l’OMS conseille de ne pas faire de publicités pour des jus 100% fruits, car ces boissons sont une source importante de sucres libres dans l’alimentation des enfants, avec les risques d’obésité et de diabète qui y sont reliés. Certains pays peuvent néanmoins décider d’autoriser le marketing pour de petites portions de jus.
Le modèle de profils nutritionnels proposé par l’OMS est issu d’une vaste collaboration des pays de la région européenne, dont la Suisse fait partie. Clair et sans complication inutile, le résultat de ce travail commun correspond donc exactement aux besoins des pays pour commencer à diminuer la pression marketing sur les enfants.
Et maintenant?
Jusque là, seul le modèle développé par l’industrie alimentaire elle-même est appliquée à limiter le marketing alimentaire, notamment dans le cadre du EU Pledge et du Swiss Pledge en ce qui concerne les publicités suisses. Le nouveau modèle de profils nutritionnels permettra d’ajuster ces initiatives privées en collaboration avec les pouvoirs publics et de les élargir à tous les médias destinés aux enfants.
La FRC salue donc l’initiative de l’OMS et encourage tous les acteurs d’empoigner maintenant ce bel outil pratique pour commencer les travaux.
En savoir plus:
Le communiqué de presse de l’OMS
Modèle de profils nutritionnels du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe (en anglais seulement)
L’étude FRC des publicités alimentaires pendant les programmes TV pour enfants (KIWI 2)