2.7.2013, Aline Clerc / Les butineuses ont besoin d’un menu varié en plantes mellifères. Photo: Ratikova/shutterstock.com
Si un plan d’action national étudiera les causes de leur mortalité, quatre molécules suspectes continueront néanmoins à être autorisées en Suisse.
On le sait: la santé de nos pollinisatrices est fragile. Les causes sont multiples, à chercher du côté des varroas, de féroces acariens qui déciment les colonies, des variations climatiques, de la densité urbaine, des monocultures et… de l’utilisation de certains pesticides. Après avoir rechigné à intervenir, le Conseil fédéral s’est enfin plié, ce printemps, à l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments.
Un moratoire de deux ans
Dès le 1er décembre, l’utilisation de la clothianidine, de l’imidacloprid et du thiaméthoxame sera limitée à deux ans. Car même à faible dose, ces trois pesticides néonicotinoïdes sont soupçonnés de perturber l’orientation et d’affaiblir la résistance des abeilles. «Le but de ce moratoire est de permettre d’évaluer la toxicité chronique sublétale de ces substances. Les protocoles d’évaluation sont en cours d’élaboration», indique Olivier Félix, de l’Office fédéral de l’agriculture. A noter que cette interdiction touchera uniquement les semences de maïs et de colza.
L’Union suisse des paysans (USP), même si elle soutient cette suspension, met en garde. Sa crainte? Que cette mesure n’améliore pas notablement la santé des abeilles, tout en affectant les cultures de colza, car les champs devront probablement être pulvérisés avec d’autres produits phytosanitaires. Ce qui aura in fine des impacts sur l’environnement… Pas de problèmes, en revanche, pour le maïs, grâce à la rotation des cultures. Quant à l’association Greenpeace, elle bourdonne de colère. Le 19 juin, le Conseil national a refusé d’étendre la suspension d’autorisation à quatre autres substances douteuses, qui ne sont pourtant plus utilisées par les pays voisins.
Reste que deux autres motions ont passé la rampe. A savoir l’adoption d’un plan d’action national pour déterminer les causes de la disparition des abeilles d’ici à fin 2015, sur la base de nouvelles études scientifiques, ainsi que l’objectif de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires d’ici à 2023.
Mieux doter la recherche
La FRC salue ces deux décisions, mais déplore l’occasion manquée d’analyser d’autres molécules potentiellement néfastes et pour lesquelles l’agriculture dispose de solutions alternatives. Enfin, que ce soit l’USP, les apiculteurs ou les scientifiques, un constat demeure: le manque de moyens mis à disposition du centre de recherche apicole d’Agroscope pour évaluer, en conditions réelles, l’effet des pesticides ou le manque de diversité de la nourriture des abeilles.