Coûts de la santé
Dernière mise à jour: 11.12.2023
Coûts de la santé
L’inquiétude se porte sur la hausse des primes de l’assurance maladie obligatoire. La hausse prend avec le contexte actuel une tournure encore plus dramatique puisqu’elle s’ajoute aux risques liés à l’inflation. Lors des trois dernières années, la hausse des primes a été moins forte que par le passé, mais ce cycle semble se terminer. L’absence de réforme pour contrôler les coûts de la santé va ainsi se faire sentir de manière pesante.
À brève échéance, une solution aurait consisté à adopter au minimum le contre-projet à l’initiative du parti socialiste dite des «10 %» et qui vise à accorder un subside à tous les ménages dont le montant annuel des primes dépasse 10% de leur revenu. Le contre-projet apporte certaines améliorations aux politiques cantonales de subsides très disparates les unes par rapport aux autres. En complément, une hausse des salaires permettrait au moins d’atténuer les effets sur le revenu disponible, fortement entamé par le niveau des primes en dehors du contexte actuel. Rien de tout cela ne semble se profiler puisque le Conseil des Etats a refusé le contre-projet à l’initiative des «10 %», il n’est pas non plus entrée sur une motion traitée en urgence (émanant de la gauche et du centre) qui demandait une augmentation exceptionnelle des subsides à l’assurance maladie pour 2023. Le Conseil national a de son côté, pourtant, accepté et le contre-projet et la motion. Le refus de son homologue des Etats conduit pour l’instant à une impasse.
À plus long terme, si la crise dure, elle finira par avoir un effet également sur les coûts de la santé. Les infrastructures de santé ont bien entendu besoin d’énergie pour fonctionner. Les premiers effets se font déjà sentir, puisque certains hôpitaux en Suisse ont vu leur contrat avec leur fournisseur d’électricité arriver à échéance. La renégociation du contrat expose les hôpitaux à une augmentation. La faitières des hôpitaux (H+) estime que les coûts de l’énergie peuvent augmenter de 10 à 15 % mais dans certains cas de 300%. Selon sa directrice, Anne-Geneviève Bütikofer, dans un entretien accordé au magazine de la FMH (26 octobre 2022), « les augmentations dépendent d’une part du type d’énergie et d’autre part des contrats conclus par les différentes institutions ». Ces coûts d’infrastructure sont compris dans les tarifs hospitaliers négociés avec les assureurs et les autorités compétentes. Anne-Geneviève Bütikofer estime que « ces tarifs sont trop bas depuis plusieurs années », elle déplore également qu' »ils ne sont pas indexés sur le marché ». Dès lors, H+ demande d’inclure le renchérissement dans les prochaines négociations tarifaires et des tarifs plus élevés. Une augmentation des tarifs ne sera pas sans incidence sur le niveau des primes maladies qui servent, en partie du moins, au remboursement des séjours à l’hôpital (hors franchise et quote-part, une prise en charge en stationnaire est prise en charge à 45 % par les assureurs et à 55 % par les cantons, alors que le remboursement des interventions en ambulatoire est assumé à 100 % par les caisses maladie).
La production et l’importation de matériel médical – la plupart des principes actifs proviennent d’Asie – est également touchée par l’inflation, et peuvent dès lors participer à une augmentation des coûts de la santé. Sur ce plan, la marge de manœuvre en Suisse est pourtant considérable. Il existe des solutions de longue date défendue par notre association qui ont, pour la plupart, trait à la lutte contre l’ilot de cherté helvétique:
- Autorisation des importations parallèles pour les médicaments afin de les acheter au prix pratiqué dans les pays de l’UE.
- Instauration d’un prix de référence pour les médicaments génériques.
- Remboursement des médicaments achetés dans les zones frontalières (fin du principe de territorialité).